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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/398

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sontale la retient dans le bas : de tels arbres sont des monstres ; leur courte & très-courte durée devient le résultat de cette opposition de principes : on ne contrarie jamais la nature impunément.

On plante communément des poiriers greffés sur coignassier, des pommiers sur le grand paradis ; on attend pendant trois ans les premiers fruits, & à dix ou douze ans au plus, ces arbres sont caducs & bons pour chauffer le four. Dans ce court intervalle, ils donnent, il est vrai, de très-beaux fruits : mais dédommagent-ils de la courte durée de l’arbre, & des dépenses de l’achat, de la plantation, replantation, tuteurs &c. ?

Si on plante des arbres sur franc, ils ne poussent que du bois, se mettent rarement à fruit, & leur existence est un peu plus prolongée, c’est-à-dire, que leur véritable produit a été un amas de fagots. Je dirai cependant aux amateurs de ce genre d’arbres : ne plantez que des francs ; n’arrêtez pas sans cesse les bourgeons, sans cesse ne les pincez pas ; au contraire, laissez-les pousser tout à leur aise pendant la première & la seconde année. À la fin de la seconde, & à la taille d’hiver, les bourgeons seront devenus rameaux ; tirez ceux de la première année sur la ligne horisontale, & formez circulairement la base de la colonne ou quenouille, par trois ou quatre, après avoir supprimé les voisins. À la fin de la troisième année, répétez la même opération sur le rang des bourgeons au-dessus ; poussez pendant la seconde, & ainsi de suite, jusqu’à la hauteur que vous désignez à votre colonne : par ce procédé, vous permettez aux bourgeons supérieurs du reste de la tige, d’agir comme tirans, & d’élever la Sève à son sommet. Vous corrigez ainsi & un peu la monstruosité de cette taille ; vos arbres dureront beaucoup, & quoique sur franc, ils se chargeront de fruits. Ce procédé facilite encore la proportion de grosseur à donner à la base de la colonne, relativement à sa hauteur. Après un certain nombre d’années, lorsqu’on s’aperçoit que les rameaux circulaires de la base commencent à décliner, on les ravale comme en dd, ligne BG 45 de la figure 4, mais avec modération, & successivement les uns après les autres, & deux tout au plus par année. La même opération a lieu par la suite sur les rameaux supérieurs, & de la même manière. Les bourgeons qui pousseront de la base des rameaux ravalés, resteront libres jusqu’à la taille de l’hiver suivant. À cette taille, ils reprendront la première forme circulaire de leurs devanciers. Peu importe que la symétrie de l’Ordre pyramidal soit quelquefois dérangé : il vaut mieux conserver plus long-temps la vie à un arbre qui donne de beaux & bons fruits. La Sève se seroit naturellement portée aux branches ou rameaux supérieurs : elle est gênée dans son cours ; elle se jette sur les fruits : c’est à cette circonstance qu’on doit attribuer leur beauté & leur grosseur. Les pommes les plus monstrueuses sont fournies par les petits pommiers paradis, vulgairement connus sous la dénomination de paradis de Hollande.

4°. De la taille du fort au foible

D. Que signifient ces mots ?

R. M. de la Bretonnerie, dans son