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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/397

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qui ne devoient, l’année d’après, donner que des boutons à bois, vont se charger de boutons à fruit… Ils restent ainsi sans être taillés pendant deux ans. Les voilà métamorphosés tous entiers en branches à fruit. Pendant ce temps, la sève n’étant plus tirée avec la même force par le haut de l’arbre, se répand avec profusion dans les branches inférieures, & y fait percer quantité de nouveaux boutons, soit à bois, soit à fruit, & même des gourmands dont il faut profiter pour garnir les places vuides. Ils seront rigoureusement supprimés dès qu’ils paroîtront, si on n’en a pas besoin… Après ces deux années, si je vois que l’arbre se mette trop à fruit, & pas assez à bois, effet très-commun sur les cognassiers, je supprime en tout ou en partie les bourgeons supérieurs qui avoient été couchés horizontalement. Alors il se forme de nouveaux tirans, & la sève afflue en abondance dans le haut, sauf à rabaisser à l’horisontale, quand le besoin l’exigera ; ensuite à la supprimer, & ainsi de suite. On est assuré qu’en conservant cet équilibre entre la partie supérieure & l’inférieure, que le gobelet sera chaque année garni de la même verdure & de la même quantité de fruit, sur-tout si l’on supprime, sur chaque bois à fruit, une partie des vieilles bourses, (consultez ce mot) & si on diminue une certaine quantité de boutons à fruit, ainsi que je l’ai indiqué aux articles poiriers, pommiers, &c.

La taille de l’arbre en buisson ou gobelet, est moins difficile que celle de l’espalier ou de l’éventail, puisqu’en supprimant sans cesse tout canal direct, les yeux placés au-dessous de la coupe, se dirigent d’eux-mêmes sur l’angle de quarante-cinq degrés, & le jardinier n’a pas besoin de chercher cet angle. Après cette première attention, la seule qui lui reste à avoir, est de ménager sur le bourgeon, au sommet de chaque branche, la naissance d’une fourche ou bifurcation pour l’année d’après, & non pas à la manière des jardiniers, de tailler sur un seul œil, qui donnera un fort tirant. Que si les deux bras de la fourche sont inégaux en force, il laissera au plus fort quatre ou six yeux, & deux seulement au plus foible. Que si, malgré cette précaution, celui-ci reste le plus foible, il doit l’abandonner & le tailler de manière qu’il ne concoure plus avec les autres à la couronne de l’arbre, mais simplement à devenir rameaux auxiliaires, propres au garnissement de l’espace compris entre les fourches. L’autre branche de la fourche sera traitée comme bourgeon de couronne, c’est-à-dire, taillée de manière que ses jets à venir, fassent eux-mêmes la fourche ou V, par la suppression du canal direct.

D. Puisque vous appelez principe universel, de la taille, l’angle de quarante-cinq degrés, on doit donc l’appliquer à celle des arbres taillés en colonne ou pyramide ou quenouille ?

R. La forme de ces arbres tient au caprice, & tout caprice en ce genre n’est conforme à aucune loi de la nature. En effet, qu’est-ce qu’un arbre qui conserve la tige verticale ou perpendiculaire, & dont toutes les branches sont horisontales ? C’est combattre un principe par un autre. La perpendiculaire ou canal direct attire la sève au sommet, & l’hori-