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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/428

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de Montpellier, tout le Vivarais jusques & près d’Annonay, & de proche en proche gagner toute l’Auvergne. Toujours en partant d’Agde & prenant à l’ouest, traversant le Rouergue & remontant jusque dans l’Auvergne, on suit leur second embranchement. Ils sont tous ou du moins presque tous sur les montagnes primitives. Tout le sol de l’Alsace a été travaillé par les feux souterrains, & on en trouve les vestiges en suivant le Rhin presque jusqu’à son embouchure. Il n’est donc pas surprenant que la nature primordiale du sol de toutes ces contrées ne soit prodigieusement changée. La limaille d’Auvergne leur doit sa surprenante fertilité ; dans d’autres cantons, une infertilité presque absolue. Mais ces volcans n’ont pu exister sans causer dans les environs, & même fort au-delà, de fréquens & terribles tremblemens de terre, presque toujours suivis d’effondrement, d’engloutissement ; de-là l’origine de plusieurs petits lacs, que les eaux pluviales ont comblés par l’amas de terre qu’elles y ont charriées, ou qui ont ensuite été desséchés par l’industrie de l’homme.

Il seroit superflu d’entrer dans des détails, faciles à multiplier presque à l’infini. Il suffit donc d’indiquer les causes majeures, & celles qui ont le lus contribué au bouleversement de notre sol. Chaque cultivateur, pour peu qu’il soit intelligent, en fera l’application au canton qu’il habite, & reconnoîtra sans peine la cause dominante qui rend son terrain plus ou moins fécond ou ingrat. Des causes générales, passons aux effets qui en sont résultés.

Les terres compactes retiennent trop l’eau ; les sablonneuses la retiennent trop peu. (Consultez les articles argille, plâtre, craie, sable, afin d’éviter des répétitions.) De ces deux effets, résultans des principes constituans de ces terres, & de leur mélange en proportion convenable dépendent les succès de la végétation. Cette proposition générale est vraie à la rigueur, mais elle souffre des modifications ; par exemple, supposons compacte une terre uniquement composée de débris d’une terre vitrifiable ; on aura beau la mélanger avec du sable pur, elle n’en sera guère plus fertile, parce n’en lui procurant de la ténuité, on ne l’a enrichie d’aucun principe qui contribue à la végétation : il en sera ainsi si on charge un champ sablonneux avec la même terre vitrifiable pure ; mais si au sable, si à la terre vitrifiable, on ajoute de la marne, de la chaux, de la poussière de plâtre cuit, ou telle proportion d’une autre terre calcaire, il résultera de ce mélange heureux, une forte végétation. Ce n’est donc pas simplement par les mélanges que l’on bonifie un champ, mais en raison des principes constituans, renfermés dans ces mélanges, & en raison de la ténuité ou de la densité que les molécules de terre conservent entre elles. L’on peut donc dire en général, 1°. que toutes terres trop tenaces ou trop friables, sont peu productives, soit parce que l’une ne retient pas assez l’eau nécessaire à la végétation, soit parce que l’autre la retient beaucoup trop ; ce vice dépend de la manière d’être de leurs molécules entre elles. 2°. Que toute terre de nature purement vitrifiable, est presque infertile ; tandis que celle composée de parties calcaires, est très-