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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/429

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fertile, si ses molécules n’ont qu’une adhérence convenable. Ces assertions de la plus grande évidence, sont cependant relatives à l’espèce de plante que l’on se propose de cultiver. Le ris, par exemple, aime que le sol retienne l’eau, & s’il ne reste pas inondé, il périt. Le chanvre se plaît dans une terre meuble qui conserve un peu d’humidité, tandis que le sain-foin végète dans un sol sec ; & jamais la vigne ne donnera un vin précieux dans un terrain très-productif en froment.

La couleur des terres est en général trop accidentelle pour en tirer des indices certains, relativement à la force de la végétation, sur-tout si ces terres sont considérées comme ayant peu éprouvé de nouvelles combinaisons depuis leur état presque primitif : je n’appelle pas primitif, par exemple, la couche supérieure que l’on trouve dans les antiques forêts ; elle est au contraire de formation graduelle & successive. La véritable couche de terre sera celle qui est recouverte par cette nouvelle, & qui, par le lavage & l’infiltration des eaux, lui a communiqué jusqu’à une certaine profondeur, une partie de sa couleur… Toute terre où surabonde les débris des végétaux & des animaux sans coquilles, est noire ou plus ou moins brune… Toute terre qu’on appelle franche, & où les cailloux sont rares, est en général de couleur fauve. Elle est formée primordialement par les dépôts lents des rivières à cours tranquille ; le Rhin, le Rhône, la Loire, &c. ne présenteront jamais de dépôt semblable, soit parce que leur cours est trop rapide, soit aussi parce que ces fleuves & les rivières qui s’y jettent, coulent entre des montagnes & rochers vitrifiables. Les terres rougeâtres, d’un jaune clair, obscur, &c. doivent leurs couleurs au fer réduit à l’état de chaux qui a fourni les ocres plus ou moins rouges, plus ou moins jaunes ; &c. Quoi qu’il en soit, toutes les terres que nous cultivons, reconnoissent pour origine première, la décomposition des pierres, soit calcaires, soit vitrifiables, qui composent la charpente des montagnes. Après cette décomposition, les eaux en ont formé les couches terreuses ou simples, ou mélangées par les alluvions & par les dépôts.

On a déjà conclu, sans doute, par ce qui a été dit, que je regardois la terre calcaire comme la seule productive ; elle l’est en effet dans toute la rigueur du mot ; toute autre terre n’est que terre matrice. C’est sur cette base unique qu’est établi le systême général de la végétation, & c’est ce qu’il faut développer.

Les corps ne peuvent concourir par leurs mélanges à la formation des autres corps, qu’autant qu’il se trouve une certaine affinité entre leurs parties, ou bien lorsque les parties dissemblables sont réunies par une substance moyenne qui participe de la nature des deux corps qui doivent s’amalgamer & former un tout. Par exemple, l’eau n’est pas miscible à l’huile ni à aucun corps graisseux ; mais si à cette eau & à cette huile on ajoute en proportion convenable une substance saline, elle deviendra le moyen de jonction des deux autres, & de leur union résultera une nouvelle substance composée, un vrai savon ; mais si au lieu de la substance saline, on ajoute, par exemple, de la graisse cette dernière s’unira avec l’huile,