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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/508

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qu’il en soit, la plupart des maladies que nous avons à combattre, naissent de l’interception ou de la diminution de cette humeur.

Le bœuf & le cheval, atteints de cette maladie, ont pour l’ordinaire les tégumens froids, quelquefois secs & chaux, les poils plus ou moins hérissés, l’air triste ; ils sont dégoûtés ; les urines claires & abondantes, le pouls fréquent & serré ; l’animal tremble, sur-tout vers les cuisses, les flancs & les épaules.

La négligence dans le pansement de la main, le passage subit d’une écurie chaude dans une atmosphère froide, le long séjour dans une écurie froide & humide, une boisson trop fraîche, sur-tout lorsque l’animal est agité ; des alimens & une boisson de mauvaise qualité : voilà les principes de cette maladie.

Curation. Vous apercevez-vous que la transpiration insensible du bœuf & du cheval est diminuée ou interceptée, placez-le dans une écurie sèche, propre, & d’une chaleur tempérée, bouchonnez-le, & enveloppez d’une couverture de laine, présentez-lui seulement de l’eau blanche tiède pour boire, & administrez-lui un ou deux lavemens faits d’une infusion de quelques plantes aromatiques ; si, cinq ou six heures après l’usage de ces remèdes, les tégumens ne paroissent pas devenir moites, bouchonnez l’animal de nouveau, couvrez-le plus exactement, & donnez-lui un breuvage d’une forte infusion de quelques plantes aromatiques, édulcorée avec du miel.

Mais la bouche de l’animal paroît-elle enflammée ? les vaisseaux sanguins extérieurs de la tête & de la superficie du corps sont-ils gonflés ? les urines sont-elles colorées & d’une odeur forte ? supprimez ce breuvage ; substituez au contraire l’eau blanche tiède, ainsi que des îavemens mucilagineux, & laissez l’animal toujours couvert, jusqu’à ce qu’il soit guéri, ou qu’une autre maladie se déclare. Dans ce dernier cas, ne persistez pas à imiter les maréchaux de la campagne, qui impatiens de voir la sueur, s’empressent de donner les breuvages les plus échauffans & les plus incendiaires, tels que trois onces de thériaque ou autant d’orviétan délayé dans deux chopines de vin, &c. ; ensuite ils font trotter & souvent galoper l’animal pendant une demi-heure, ou ils le mettent dans une fosse pour le couvrir de fumier, ou bien ils l’enveloppent de plusieurs couvertures de laine, en passant entre les couvertures une bassinoire remplie ce braise ; qu’arrive-t-il de cette mauvaise pratique ? l’expérience nous le démontre tous les jours ; la transpiration ne se rétablit pas, la fièvre la plus forte se développe, & l’animal meurt promptement d’un autre genre de maladie.

Les moutons dont la transpiration a été suspendue, doivent être rassemblés dans une étable d’une chaleur tempérée ; on les y fera presser les uns contre les autres pendant l’espace de quatre ou cinq heures ; si la transpiration ne se rétablit pas, on leur donne à chacun deux gros de poudre de vipère, après l’avoir mêlée dans un verre de décoction de baie de génièvre, ou de vin ; le lendemain on leur fera manger un peu de foin saupoudré de sel marin, & on ne leur présentera à boire sur le soir que de l’eau blanche tiède, & aiguisée du même sel. M. T.