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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/509

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Transpiration Des Plantes. C’est la seule sécrétion par laquelle les végétaux rejettent au dehors les matières impures ou grossières, charriés par le torrent de la sève dans leurs différens canaux. (Consultez cet article) Cette transpiration est dix-sept fois plus forte dans les plantes que dans l’homme, que dans l’animal, parce que l’un et l’autre ont d’autres sécrétions qui les débarrassent des substances étrangères à leur nourriture, & qu’ils n’ont pu s’approprier par la digestion. La force & la quantité de matières transpirantes qui est à pousser au dehors, est toujours en raison de la plus ou moins grande surface des branches & de leurs rameaux ; mais sur-tout en raison de celle des feuilles. Il entre & il sort en vingt-quatre heures dix-sept fois plus de nourriture, en proportion des masses, dans les vaisseaux séveux, par exemple d’un tournesol ou soleil, (consultez ce mot) que dans les veines de l’homme. « Ne pourroit-on pas, dit le célèbre Halles dans sa Statique des végétaux, attribuer la nécessité de cette grande quantité de nourriture à sa qualité ? Car, selon toutes les apparences, quand elle est tirée par la racine de la plante, elle n’est pas si chargée de parties nutritives que le chyle, lorsqu’il entre dans les veines lactées des animaux. Il falloit donc, pour nourrir suffisamment la plante, faire passer une plus grande quantité de fluide ; outre que cette abondance de fluide sert à accélérer le mouvement de la sève, sans quoi il eût été très-lent, les plantes n’ayant pas un cœur, comme les animaux, pour en augmenter la vitesse, & la sève n’ayant probablement qu’un mouvement progressif, & ne circulant pas comme le sang dans les animaux.

» Puisque les plantes ou les arbres ont besoin, pour bien se porter, d’une transpiration si abondante, il est probable que plusieurs de leurs maladies viennent de ce que cette transpiration est quelquefois interrompue par l’intempérie de l’air… La transpiration dans l’homme est souvent arrêtée, jusqu’à causer des accidens fâcheux, non-seulement par l’intempérie de l’air, mais aussi par l’intempérance, les grandes chaleurs & les grands froids ; mais pour la transpiration de la plante, il n’y a que l’intempérie de l’air qui puisse l’arrêter, à moins que le sol dans lequel la plante végète, manque de sucs propres & convenables à cette plante, & ne lui fournît pas assez de nourriture ; dès-lors la transpiration diminue.

» Le docteur Keill avoit observé sur lui-même, que l’intervalle entre la plus grande & la moindre transpiration d’un homme en bonne santé, étoit très-grand, puisque sa transpiration alloit depuis une livre & demie jusqu’à trois. J’ai aussi fait la même expérience, continue M. Halles, sur un tournesol, & j’ai trouvé que lorsqu’il se portoit bien, sa transpiration alloit de seize onces jusqu’à vingt-huit en douze heures de jour. Plus il étoit arrosé, plus il transpiroit abondamment, (toutes choses d’ailleurs égales) & plus il manquoit d’eau, & moins il transpiroit. »

C’est à la suppression subite de cette transpiration, qu’est due la dessiccation presque momentannée des végétaux, occasionnée par la chaleur excessive des rayons du soleil, lorsque pendant l’été ils se trouvent, pour