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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/551

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les muscles abdominaux ont soufferts dans cette occasion, & à laquelle on n’a pas remédié en liant & comprimant avec prudence le bas-ventre, l’extraction violente & téméraire de l’arrière-faix, l’avortement, la petite vérole, la rougeole, une grande quantité de vers, l’engorgement des glandes mésentériques, &c.

» Mais la constipation, les tranchées, & les douleurs dans la région ombilicale & aux lombes, sont constamment les avant-coureurs d’une tympanite prochaine, ce qu’Hyppocrate remarque fort bien en ces termes : s’il y a des souffrances violentes autour du nombril, avec des douleurs dans les lombes, qu’aucun remède, ni aucun secours ne puissent appaiser, elles dégénèrent en hydropisie sèche.

» La tympanite dans sa naissance se forme le plus souvent sourdement & insensiblement, de manière que ses commencemens ne peuvent presque pas s’apercevoir, & que les malades se trouvent le ventre plein de vents, sans savoir ni quand, ni comment cette espèce de grossesse venteuse est survenue, pour me servir de l’expression de Willis. Voici cependant de quelle façon la tympanite a accoutumé de se montrer. Le malade souffre d’abord pendant quelque temps une tension considérable, & des douleurs aiguës dans les lombes, dans tout le bas-ventre, & sur-tout vers la région ombilicale. Le ventre est extrêmement serré & le devient toujours davantage. Les souffrances ensuite se ralentissent un peu, mais ne cessent point. Assez souvent elles restent dans le même état ; quelquefois elles augmentent en violence, le bas-ventre se tuméfie par dégrés, & s’enfle comme un ballon ; il se durcit & se tend à proportion, & il acquiert enfin un si grand ressort, qu’il retentit sensiblement quand on le frappe. Cette espèce d’enflure du bas-ventre est plus légère que celle qui accompagne l’hydropisie ascite, quoiqu’elle soit tantôt plus grande, & tantôt plus petite. On ne se sent pour l’ordinaire aucune fluctuation. Quelquefois on en remarque une presque insensible ; on entend souvent rugir les vents dans les intestins. La tumeur ne s’affaisse point, quand le malade est couché sur le dos. Elle ne se porte pas non plus vers le côté sur lequel il est couché ; mais elle demeure constamment & également tendue, dure & élevée vers le haut & vers le nombril. Elle ne conserve point l’impression du doigt, mais elle se relève aussitôt que la pression cesse. La peau qui la couvre est toujours sèche & aride. Le ventre est tellement serré, que j’ai vu des tympaniques être jusqu’à dix ou douze jours sans aller à la selle.

Les matières qu’ils rendent sont desséchées, & semblables à la fiente de chèvre ; les rapports sont assez fréquens, mais les efforts pour chasser les vents par cette voie le sont encore plus. Leur éruption, soit par le haut, soit par le bas, est ordinairement difficile & comme forcée. Elle paroît soulager pour quelques momens, mais elle ne fait point baisser l’enflure du bas-ventre. Presque toujours on sent un grand feu dans les entrailles, & il s’excite une soif dévorante qui ne cesse qu’avec le mal. La douleur aiguë des lombes & de la région ombilicale qui précède la tympanite, & l’accompagne dans