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cière & donneroit lieu a un engorgement nouveau ; si l’introduction inconsidérée de bourdonnets ou de tentes d’un volume & d’une dureté considérable, employés par ces mêmes maréchaux, n’en suspendoit pas le cours, n’en sollicitoit même le refoulement, & n’anéantissait pas le commerce & l’union qui se rétablissoient entre les parties ; enfin, si leur main ignorante & lourde ne ruinoit pas sans cesse l’ouvrage commencé, c’est-à-dire, les portions tendres, qui se montrent, soit en arrachant avec violence l’appareil qui les couvre, soit en nettoyant l’ulcère avec rudesse & jusqu’à effusion de sang.

VI.

Un examen attentif de l’état de l’ulcère fait connoître à l’artiste vétérinaire les obstacles dont la nature se voit dans la nécessité de triompher, & lui indique le genre des secours qui peuvent concourir aux succès de son action & de ses vues.

Ces obstacles résultent-ils d’une dureté dans le fond, ou dans la surface de la cavité ? on doit employer pour la détruire les substances vraiment suppuratives ; mais s’agit-il de l’arrêt de la matière dans les vaisseaux voisins, d’une difficulté dans le dégorgement, ou n’a-t-on à solliciter que la fonte & la destruction des portions ou des fragmens vasculaires dûs aux efforts primitifs de la suppuration ? on y parviendra incontestablement par la voie des digestifs.

Dans le premier cas, on fera usage des relâchans, tels que les huiles d’amandes douces, de millepertuis, l’huile rosat, l’onguent populéum, l’onguent d’althéa, & tandis que dans le second, on se servira du styrax, du baume d’arceus, ou du digestif le plus ordinaire dans la pratique, c’est-à-dire, d’un mélange d’huile de millepertuis, de jaunes d’œufs, de térébenthine que l’on tempère selon le besoin par l’augmentation de la quantité d’huile, ou que l’on anime par la diminution de cette quantité, & par l’addition de quelques liqueurs spiritueuses, telles que l’eau-de-vie, ou l’essence de térébenthine.

Les premiers de ces médicamens ramollissant les parois, facilitent l’issue des sucs dans l’ulcère ; ils procurent bientôt la suppuration louable que l’artiste désire, sur-tout si à l’aide de l’application extérieure des émolliens ou des relâchans indiqués, soit en cataplasmes, en onctions ou en linimens, on détend le tissu des vaisseaux engorgés à la circonférence, comme si, dans la circonstance de l’irritation, on emploie les anodins ou simplement les détersifs.

VII.

Il importe néanmoins d’observer ici qu’on doit craindre les suites de la constance avec laquelle on persévéreroit dans l’emploi des remèdes huileux que nous cessons d’indiquer en relâchant, en jetant dans une sorte d’inertie les parois & les orifice ; des vaisseaux ouverts qui garnissent le fond de l’ulcère, ils donneroient inévitablement lieu à la germination de fongosités toujours redoutables.

On prévient ces effets en s’abstenant de ces substances dès que l’on apperçoit de bonnes chairs, en leur substituant les balsamiques, & quelquefois même simplement la charpie sèche qui absorbe l’humidité superflue, & qui par une espèce de compression très-légère, morigène,