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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/561

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s’il est permis de parler ainsi, les embouchures trop flasques & trop lâches des canaux, de façon à parer à l’influence trop considérable des sucs.

VIII.

Il est essentiel encore de faire observer qu’on ne doit jamais se servir de médicamens gras & relâchans, lorsqu’il est question d’ulcères ou de plaies dans des parties tendineuses, aponévrotiques, osseuses. On peut en garnir les environs, mais l’incarnation de ces parties blanches & lymphatiques devant être précédée d’une exfoliation qui naîtra du dessèchement de leur surface, il faut rejeter toutes substances qui tendroient à amollir & à exciter une pourriture dont on doit préserver avec d’autant plus de soin leur tissu par des balsamiques spiritueux, qu’il n’y est que trop exposé, vu le défaut d’oscillations, les vaisseaux artériels y étant en bien moins grande quantité que dans les parties charnues.

IX.

En ce qui concerne les digestifs propres ou essentiels dont nous avons déja parlé, c’est-à-dire, du digestif ordinaire, des baumes, du styrax, &c., ils soutiennent l’action organique des chairs. Par eux les petits vaisseaux se voient invités d’une part à se dégager & à se débarrasser de l’humeur qui pourroit encore y rester, & de l’autre à se séparer de leurs extrémités dilacérées, qu’ils chassent à petits coups redoublés comme autant d’escarre légère dont il est essentiel de solliciter la chûte ; ils préparent donc par la suppuration qu’ils provoquent, les voies à l’abord du suc régénérant, & c’est ainsi que dans des ulcères bénins les plus effrayans par leur étendue & par leur profondeur, on obtient de ces substances seules, & au moyen d’un pansement méthodique, une reproduction entière suivie d’une cicatrice parfaite, (Voyez plaie, pansement)

X.

Mais les obstacles dont les médicamens digestifs triomphent, ne sont pas toujours les seuls qui contrarient & qui peuvent faire échouer la nature ; il est des ulcères dont l’espèce, le génie, le caractère & les diverses complications en demandent de plus énergiques & de plus puissans.

En général, les vices de la matière suppurée, dépendent ou de la perversion totale des humeurs, & en ce cas, il n’est possible d’y parer, qu’en attaquant vivement la cause par des remèdes internes ; ou du différent mélange des sucs & de la prédomination de ceux qui en font partie ; & dès-lors cette même matière grasse, chargé de flocons de graisse, ochreuse, glaireuse, sanguinolente, se trouve très-distincte des qualités qui constituent une suppuration locale ; ou enfin de son séjour dans le lieu où elle se forme, & de l’inflammation qui peut y exister ; de-là le degré d’épaississement & d’acrimonie qu’elle contracte, de manière à donner quelquefois naissance à des ulcères malins. Si l’on ajoute à ces différentes dépravations les empêchemens qui peuvent résulter des fragmens, ou dilacérations des vaisseaux qui, comme autant de parties mortes, macérées par le pus, & néanmoins encore adhérentes, sont plus ou moins tenaces, & plus ou moins difficiles à détruire, on