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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/581

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dont l’orifice paroît fort grande, aussi-bien que ses vaisseaux propres, dont on voit sortir abondamment les liqueurs laiteuses, gommeuses, résineuses qu’ils contiennent.

Pour réunir toutes les raisons qui peuvent confirmer le sentiment de ceux qui croient que les fibres des plantes sont fistuleuses, je ferai remarquer, 1°. que les sucs nourriciers doivent être portés avec force vers certaines parties, & suivant certaines directions, & que par conséquent des vaisseaux sont bien plus propres à remplir ces fonctions, qu’un simple parenchyme ou une substance cotonneuse ; 2°. que les principales fibres qui se distribuent dans les fruits, sont de même nature que celles du bois, & que ces fibres vont aboutir aux endroits qui exigent plus particulièrement une nourriture plus rafinée & plus appropriée. Si on ne veut pas admettre ces faits, comme une preuve que ces fibres sont réellement des vaisseaux, je ne crois pas qu’on puisse se refuser à convenir au moins qu’ils fournissent une bien forte induction. 3°. Il y a dans le corps ligneux, dans l’écorce, dans les fleurs, dans les fruits, des liqueurs fort différentes les unes des autres, & ces liqueurs ne doivent point se mêler ni se confondre. Il me paroît très-raisonnable d’en conclure qu’il n’y a que des vaisseaux qui puissent être propres à opérer cette séparation. 4°. La chair d’un coin ou d’une poire cassante ne répand point son eau ; quand on coupe ces fruits, cette chair paroît même assez sèche ; cependant cette même chair fournit beaucoup de liqueurs quand on la rape ou quand on la pile, c’est qu’alors on a rompu & déchiré les vaisseaux qui la contenoient.

» Concluons de tout ce qui vient d’être dit, qu’il y dans les plantes, ou de vrais vaisseaux, ou des organes qui en font la fonction : ainsi sans prétendre avoir décidé une question qui a partagé jusqu’à présent les physiciens, nous croyons qu’il peut nous être permis d’employer le terme de vaisseau, pour exprimer les organes qui transmettent la nourriture aux différentes parties des plantes.

Des différentes liqueurs contenues dans les vaisseaux des plantes.

Les vaisseaux lymphatiques, les vaisseaux propres & les trachées, s’étendent suivant la largeur du tronc ; la moële rassemblée au centre, jette des productions qui vont en quelque façon s’épanouir dans l’écorce ; ainsi l’entrelacement des vaisseaux longitudinaux, avec les productions médullaires, forment la substance du bois & de l’écorce ; mais tout cela ne seroit encore qu’un simple squelette, si les vaisseaux étoient dénués de liqueurs qui lui donnent pour ainsi dire la vie. Le tissu cellulaire ne compose pas les vaisseaux, mais il en fait les fonctions, & contient aussi des liqueurs. Malpighi pense que les sucs contenus dans ce tissu, étant plus indigestes que ceux des vaisseaux, ce tissu cellulaire est en quelque façon un viscère qui sert à donner aux liqueurs une préparation essentielle. Grew prétend que ce tissu cellulaire est tantôt rempli de liqueurs, & qu’il ne contient quelquefois que de l’air. Dans ce dernier état, il le compare aux vésicules