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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/582

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pulmonaires, & il prétend que l’air lui est transmis par les trachées.

Quoi qu’il en soit de ces deux opinions, l’on voit qu’il y a dans les arbres 1°. des vaisseaux lymphatiques, remplis d’une liqueur ou lymphe transparente & aqueuse ; 2°. des vaisseaux propres ou particuliers, qui contiennent des liqueurs particulières à chaque arbre ; 3°. des vaisseaux spiraux, ou des trachées qui sont essentiellement ou principalement destinées à ne contenir que de l’air.

De la Lymphe. La lymphe que l’on peut retirer de plusieurs espèces d’arbres, & particulièrement de la vigne, de l’érable, du bouleau, du noyer, lorsqu’ils sont en pleine sève, paroît peu différente de l’eau la plus simple ; quelques-uns croient y sentir un peu d’acidité ; cependant l’usage que l’on fait des pleurs de la vigne pour en étuver les yeux malades, prouve qu’en quelque quantité qu’on s’en serve, elle n’y cause aucune cuisson. La liqueur que fournit l’érable en Canada n’a presque pas de saveur au sortir de l’arbre, cependant par le moyen de la concentration de 200 livres de liqueur, on retira 10 livres de sucre concret ; mais qui sait si dans l’effusion de la lymphe, il ne se mêle pas un peu de suc propre ? Quoi qu’il en soit, les arbres de différens genres, rendent leur lymphe avec des circonstances qui lui sont particulières, & il y a beaucoup d’arbres qui n’en rendent point ou presque point, il paroît encore assez prouvé que la liqueur qui s’échappe des plantes par la transpiration, semble n’être qu’une liqueur lymphatique.

Du Suc propre. Cette liqueur est blanche & laiteuse dans le figuier & les tithimales ; gommeuse, dans tous nos arbres à noyaux ; résineuse, dans tous nos arbres verts connifères ; rouge, dans quelques plantes ; elle est quelquefois d’une saveur douce, quelquefois caustique ; elle a quelquefois beaucoup de saveur & d’odeur, souvent elle est insipide. Ainsi elle varie infiniment dans les arbres de afférentes espèces, & dans beaucoup elle est très-aisée à distinguer de la lymphe. Ces observations ont entraîné Malpighi à croire que chaque plante contenoit une liqueur qui lui étoit propre.

C’est peut-être dans ce suc propre à chaque plante que réside principalement la saveur & les propriétés qui sont particulières à chaque espèce. C’est le sentiment de Grew, justifié par plusieurs faits ; car c’est dans la liqueur blanche qui coule du pavot, que réside sa qualité narcotique ; celle du tithimale & du figuier sont corrosives, de même que la liqueur jaune de l’éclair, on pourroit en dire autant de tous les sucs propres décidément colorés. Enfin, si en général l’on reconnoît plus de vertus dans les sucs contenus dans les écorces que dans les bois, c’est que les vaisseaux propres de l’écorce sont plus gros que ceux du bois. Il est encore bon de remarquer que quand le suc propre a de l’odeur, sa présence se manifeste presque dans soutes les parties des plantes ; il n’y a, par exemple, point de parties du sapin qui ne sentent la thérebentine ; il faut donc que le suc propre se mêle en certaine proportion avec la lymphe, ou que les vaisseaux pro-