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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/600

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livrés à eux-mêmes, poussent leurs branches d’après les impulsions de la nature. S’ils ne donnent pas le plus beau fruit, ils donnent au moins le fruit le meilleur & le plus savoureux.

Vent. Économie rurale. Air poussé d’un lieu à un autre avec plus ou moins de violence. Quelle est la cause des vents ? Cette question générale & purement physique n’est pas encore déterminée, maigre les nombreuses hypothèses fournies par un très-grand nombre d’auteurs. Rapporter leurs opinions seroit très-long, & nous écarter du but de cet ouvrage. Nous nous contenterons donc de dire que la principale cause de ce mouvement de l’air, est la chaleur du soleil. En général, toutes les causes qui produiront dans l’air une raréfaction, ou une condensation considérable, produiront des vents dont les mouvemens seront toujours directs, où sera la plus grande raréfaction ou la plus grande condensation.

Si les vents passent sur des montagnes chargées de neige, ils se chargent de froid & se font ressentir tels dans les plaines, même à une assez grande distance, suivant leur direction & force de direction. Si, pendant l’été, la neige des montagnes est fondue, mais si ces montagnes sont humides, les vents que l’on ressent dans la plaine sont ou frais ou même froids, en raison de la rapidité de l’évaporation occasionnée par la rapidité des vents, parce que toute évaporation produit le froid.

Si, au contraire, ils passent sur des montagnes, sur des terrains secs, ils produiront une sensation chaude, quand même leur direction viendroit du nord. Nous jugeons de l’intensité de la chaleur ou du froid des vents, d’après notre propre chaleur naturelle, & d’après l’évaporation de cette chaleur qu’ils excitent en nous. Supposons que l’air soit à dix degrés de froid, mais que l’air est tranquille, ce froid sera pour nous moins sensible que si le courant d’au est rapide, quand même le froid ne seroit que de cinq degrés. Dans le premier cas, il n’excite pas sur nous un courant d’évaporation. Soufflez sur votre main la bouche ouverte, vous direz, l’air qui sort de mes poumons est chaud. Soufflez de même, les lèvres serrées, & établissez un fort courant d’air, & vous direz, cet air est froid. Cependant, c’est spécifiquement le même air qui produit deux effets différens, en raison de la rapidité de son cours qui produit sur nous plus ou moins d’évaporation de notre propre chaleur. Mais si votre main est humide, si elle est imbibée d’un fluide très-évaporable comme l’éther, comme l’esprit-de-vin, & que l’on souffle rapidement dessus, on éprouvera un froid glacial, parce qu’on aura produit une plus grande évaporation. Cette petite comparaison donnera à celui qui réfléchit, les causes du froid ou de la chaleur dans son canton, occasionnées par les vents.

Les végétaux éprouvent les mêmes effets, mais non pas tous également, à cause des circonstances où ils se trouvent. Par exemple, l’olivier supporte un bien plus grand degré de froid avant de périr, s’il n’est pas exposé à un courant d’air. Le même froid qu’il éprouvera en décembre ou janvier ne l’endomma-