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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/607

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quens, avec froid aux extrémités. On observe encore que la face est diversement altérée, quelquefois bouffie, & les paupières livides. Tous ces effets sont analogues à ceux des poisons qui détruisent le ton des solides ; & il arrive très-souvent chez les enfans, quelquefois même chez les adultes, des affections convulsives. J’ai vu une apoplexie qui dégénéra ensuite en paralysie, causée par la présence du ver solitaire, que je guéris en chassant le ver : de plus l’haleine & les sueurs des malades ont une odeur singulière qui n’est pas aigre, mais particulière aux vers. Dans la dissection du cerveau ou du bas-ventre des cadavres on la sent quelquefois, sans qu’il y ait le moindre vestige de vers. On a beaucoup écrit sur la formation des vers dans le corps ; chaque auteur a donné sa théorie à ce sujet : il n’en est encore résulté rien de bien satisfaisant ; la plupart même s’est égaré de son but, ce n’est qu’après plusieurs observations bien faites, qu’on pourra déduire une théorie plus éclairée, & plus vraisemblable. On sait d’abord, 1°. que les corps abondans en sucs nourriciers, font éclore & multiplier les vers dans l’estomac. 2°. Il conste par l’observation que l’abus des farineux & des fruits qui ne sont pas mûrs, sur-tout lorsque l’été est chaud & humide, est une cause très-fréquente des vers. 3°. Buffon a aussi remarqué qu’un mélange de farine & d’eau, laissée a un petit degré de chaleur, étoit bientôt rempli de parties organiques animées. Enfin, Brendel a trouvé un ver plat vivant à l’ouverture du cadavre d’un fœtus de sept mois. Il n’est pas vraisemblable que l’œuf de ce ver ait passé des intestins de la mère dans ceux de l’enfant, pour y éclore.

Lorsque l’aliment est bien digéré dans le corps, sa fermentation propre & naturelle étant arrêtée, y est changée en humeurs vivantes par une fermentation propre à l’animal. Ces alimens commencent à subir dans les premières voies cette fermentation, & s’ils viennent à y croupir dans cet état d’animalisation, commencée à cause de la foiblesse de ces organes & le défaut de résorption, chaque particule reçoit du principe de vie qui vivifie tout, un certain degré d’animalisation ; & plusieurs de ces molécules organiques ainsi trop imprégnées de fermentation animale, se réunissent, selon des loix inconnues, pour former ces êtres vivans & parasites qu’on appelle vers.

Les vers lombricaux sont gros comme un tuyau de plume, & longs ordinairement d’un demi-pied. Ils se logent toujours dans les intestins grêles, remontent quelquefois dans l’estomac, & il n’est pas rare de voir des enfans les jeter par la bouche en vomissant.

Les ascarides sont, au contraire, petits, ronds & courts ; ils s’attachent au fondement ; on peut connoître & même prononcer sur leur existence, par la démangeaison insupportable qu’ils y excitent.

Les cucurbitins ont la figure à peu-près la même que celle de la graine de citrouille. Ces petits corps qui ne sont qu’une portion d’un ver long de plusieurs aunes, annoncent quelquefois la présence du ver soli-