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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/608

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taire ; quelquefois il existe seul dans les intestins. Il diffère du ver solitaire, en ce qu’il n’a ni tête remarquable, ni veine longitudinale. On ne le rend jamais entier, mais par portions détachées.

Quant au ver solitaire, nous en parlerons séparément & en particulier, après avoir exposé les différentes causes qui peuvent faciliter la génération des vers, & donné le traitement curatif qui peut convenir à leur présence, & aux symptômes & différentes maladies qu’ils peuvent exciter.

Les enfans, les adultes & les personnes qui sont naturellement foibles, sont les plus exposées aux maladies vermineuses ; la foiblesse des organes digestifs, le relâchement de leurs fibres, les mauvaises digestions, la vie oisive & sédentaire, l’usage des fruits verts, des plantes & des racines crues, sont les causes les plus ordinaires de la génération des vers.

Il faut donner promptement des remèdes vermifuges dans les attaques des vers ; ils doivent être administrés à une dose assez forte, pour qu’ils puissent les détruire ; autrement leur emploi est inutile, ils ne font que les irriter davantage : alors ils pincent l’estomac, ce qui occasionne quelquefois la mort ; ou ils remontent vers l’œsophage & suffoquent le malade, ou lui causent tout au moins de vives convulsions.

Baglivi observe fort bien qu’on voit non-seulement ce phénomène chez les enfans qui sont très-irritables & fort freles, mais encore plus chez les adultes. Dans cet instant décisif, les meilleurs remèdes sont l’eau salée & l’esprit de sel ammoniac.

On doit bien prendre garde à ne pas donner le même vermifuge, soit qu’il y ait fièvre, ou qu’il n’y en ait pas. Dans le premier cas, les acides, tels que l’esprit de vitriol, méritent la préférence sur les amers assez forts, parce qu’ils sont en même temps approprié à la fièvre & à l’affection vermineuse.

Il faut encore avoir toujours égard au caractère, au temps & à la dominance des symptômes, pour choisir dans les différentes méthodes qu’on s’est proposé de suivre, les remèdes qui peuvent convenir, & à la fièvre qui exige toujours la principale attention, & aux autres affections subordonnées.

S’il survient des hémorrhagies considérables, on emploiera les acides minéraux. Le vin ne peut qu’être avantageux dans le cas de prostration de forces, mais il arrive aussi qu’il est quelquefois nuisible ; ausi est-il prudent d’en examiner les effets, avant que d’en continuer l’usage. Il y a des épidémies où il produit des effets admirables, & d’autres où il est nuisible.

Baglivi fait mention d’une épidémie dans laquelle ni les huileux, ni les acides, ni l’esprit-de-vin, ne détruisoient les vers, soit dans le corps, soit in vitro, aussi promptement que le vin. Ce qui prouve qu’il n’agit pas seulement par sa qualité enivrante & spiritueuse, comme quand on enivre des poules en leur donnant du vin imbibé dans l’eau-de-vie ; car s’il l’eût été par cette vertu, l’esprit-de-vin auroit mieux réussi que le vin : il y a lieu de croire que ce dernier convenoit mieux à raison du caractère de la fièvre qui étoit dominante.