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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/609

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La bile altérée, bien loin d’être un poison pour les vers, leur est au contraire un aliment : il faut donc lui enlever cette âcreté qui lui est si ordinaire dans les fièvres, & lui donner une qualité douce & savonneuse, & ne pas perdre de vue le relâchement des intestins, dont il faut remonter le ton, ainsi que des vaisseaux excrétoires & sécrétoires de la bile : souvent, par ce moyen, les vers sont chassés sans le secours d’aucun antihelmintiques.

On sait que les corps doux inquiètent les vers & les chassent ; mais l’usage des amers est beaucoup plus sûr, sur-tout lorsqu’ils sont employés sur la fin de la fièvre vermineuse. Ils sont alors d’autant plus avantageux qu’ils relèvent les forces, augmentent le ton de l’estomac & des intestins, & qu’ils rectifient les digestions. Sennert ne veut pas qu’on prescrive lesemen santoninum dans les fièvres, parce qu’il échauffe trop.

C’est à tort qu’on néglige aujourd’hui les onctions amères antihelmintiques ; les anciens s’en servoient avec succès. Pour moi, je ne puis assez louer celles qu’on est en usage de faire dans ce pays-ci, avec l’huile pétrole de Gabian. Mais, en général, je ne puis disconvenir que les vermifuges externes ou internes qui ne purgent pas en même temps, ne font qu’irriter les vers qui cuisent alors des tranchées vives & d’autres symptômes graves.

Baglivi, Settenkius, Bonnet & Morton en ont vu percer les intestins, tant ils sont excités à chercher des issues pour s’échapper, quand la chaleur de la fièvre agit sur eux, surtout lorsqu’elle est augmentée par l’usage des irritans, ou par la putridité des humeurs. Dans ces circonstances, la thériaque est le meilleur remède.

Le choix des purgatifs mérite beaucoup d’attention, sur-tout lorsque les vers sont compliqués avec la putridité, & les maladies qu’elle peut occasionner ; la rhubarbe, avec le mercure doux, associé à d’autres purgatifs doux, peuvent convenir. Mais on ne doit point abuser de ce dernier (le mercure doux) parce qu’on pourroit imprimer à la fièvre un mauvais caractère en énervant le malade.

Lorsque le cours du ventre est compliqué avec les vers, les absorbans, tels que la corne de cerf calcinée, le corail, la corallien, sont très-appropriés.

Il arrive quelquefois que les vers qui séjournent dans les premières voies, causent des douleurs de côté, une toux sèche avec crachement de sang. Avant de se décider pour la saignée, on doit scrupuleusement réfléchir & examiner si l’affection pleurétique l’emporte sur route autre considération : dans le cas contraire, les huileux & les purgatifs doux seront mieux employés.

Morgani a vu une épidémie de fièvre vermineuse pleurétique, où les laxatifs & les huileux étoient nuisibles, sans doute que l’affection pleurétique étoit dominante. Pusatti a vu, au contraire, une fièvre épidémique semblable, qu’il guérit par les sels mercuriel, sans saigner ni donner d’autres remèdes appropriés à l’affection pleurétique & à la fièvre. Alors l’affection vermineuse l’emportoit sur la pleurétique, ainsi que sur la fièvre.

Il est encore bon de les attirer