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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/616

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dont leur derrière est armé ; la plaie faite, elles y déposent leurs œufs, qui éclosent à la faveur de la chaleur & de l’humidité ; ainsi les larves se nourrissent des sucs qui abondent & qui tuméfient la partie. Ces mouches au surplus attaquent de préférence les animaux les plus gras & les plus sains, ce qui a fait regarder par les bouviers, les tumeurs qui en résultent, comme un signe favorable de la bonté de la vache ou du bœuf qui en étoient attaqués ; on observe néanmoins que leur grande quantité appauvrit les sucs & fait dépérir l’animal. Ces larves sont sous la peau dans le tissu cellulaire, & y forment une tumeur du volume d’une noix. Lorsque l’insecte est en maturité, pour nous servir de l’expression usitée, on le fait sortir en pressant fortement les côtés de la tumeur ; ces œstres sont d’un blanc-mat.

Il est encore une autre mouche, toujours de la même classe des précédentes, c’est celle que les naturalistes appellent carnacière, qui dépose ses larves dans les pustules qui se forment le long de la crinière, dans la maladie psorique, que l’on appelle dans les chevaux le roux-vieux ; les ulcères galeux, les fourchettes, les cornes des bœufs en renferment encore ; ces parties solides n’en sont néanmoins affectées qu’autant qu’elles ont été entamées par une suppuration quelconque.

Les animaux qui sont les plus sujets aux œstres, sont ceux qui paissent ou qui sont à une nourriture verte ; les poulains d’un & de deux ans en sont souvent les victimes ; ces vers sont quelquefois si multipliés dans ces animaux, que les maux qu’ils occasionnent sont comme épizootiques, & sont un véritable fléau dans les haras, vu la quantité considérable de poulains & de pouliches qu’ils font périr ; on en trouve une si grande quantité dans leur estomac, qu’on ne sauroit douter qu’ils ne soient la cause de la mort de ces jeunes sujets.

Art. II.

Des symptômes qui décèlent l’existence des Œstres.

Les symptômes qui décèlent l’existence de ces insectes sont très-équivoques ; les borborygmes, les coliques momentanées & qui se renouvellent souvent, le dévoiement, le dépérissement, le dégoût pour la boisson, des appétits voraces & dépravés qui portent l’animal à manger le plâtre, la terre, ses longes, sa couverture, des souliers, & tout ce qui a un goût salé & amer, &c. n’en sont pas toujours de certains, & ces accidens peuvent dépendre d’une infinité d’autres causes : le seul signe univoque de leur présence est leur émission par l’anus ; ils restent plus ou moins fortement attachés au sphincter ; si on fouille alors l’animal, on trouve l’intérieur du rectum plus ou moins hérissé de vers, & dans ce cas il est presque toujours très-sec & très-dilaté.

Ils occasionnent le bâillement, ce mouvement des mâchoires que l’on exprime, en disant que l’animal fait les forces, des toux foibles & légères que l’animal fait entendre pendant la nuit, ou le matin avant d’avoir mangé, le tic, des claudications passagères, des fluxions périodiques, des vessigons & des molettes sans causes extérieures déterminantes, des gourmes rebelles, presque toujours privées de ces abcès chauds sous la ganache, qui