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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/617

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achèvent & complettent la crise, des flux inopinés par les naseaux, des engorgemens œdémateux sous le ventre, aux jambes, aux ars, sur les testicules, dans les mamelles, des mues imparfaites, longues & tardives, un poil terne & piqué, la chassie des yeux, des urines crues, & enfin tous les maux qui résultent de l’atonie, du relâchement des solides & de l’appauvrissement des fluides.

Article III.

Des désordres occasionnés par les œstres dans les grands animaux.

Les effets destructeurs de ces vers, à l’inspection des cadavres, ne sont pas moins nombreux & foudroyans ; toute la graisse qui recouvre & entoure les viscères du bas-ventre, est en plus grande partie détruite ; le peu qui en reste est flasque, jaunâtre, macéré & infiltré de sérosité. Il en est de même du péritoine, de l’épiploon & de toutes les tuniques extérieures des viscères membraneux ; le mésenter est infiltré, les glandes mésentériques gorgées, squirreuses ou abcédées ; on a vu des épanchemens séreux dans le bas-ventre, les reins relâchés, le cordon spermatique tuméfié, le pancréas décomposé, le foie & la rate plus ou moins tuméfiés. L’intérieur de l’estomac est toujours très-maltraité par ces insectes ; on l’a vu creusé, travaillé & criblé dans l’étendue de ses membranes ; les cavités ou espèces de cellules que chacun des vers s’y est pratiquées, sont très-profondes, & forment autant d’ulcères à bords relevés & tuméfiés ; l’humeur qu’ils fournissent, & qui n’est autre chose que le suc gastrique, est constamment pompée par les vers ; en sorte qu’ils sont à sec & rendent les membranes épaisses, dures, calleuses, irrégulières, fongeuses, livides, & les criblent d’une infinité de trous. Quelquefois le ventricule a été percé par ces insectes ; ils étoient alors répandus en plus ou moins grand nombre sur la surface extérieure des viscères où ils étoient fortement attachés ; & nous observerons que la dilacération du ventricule, après certaines indigestions, n’a le plus souvent pour causes première, qu’une pareille perforation, ou des ulcères très-profonds, qui avoient fortement affoibli les tuniques dans certains points de l’étendue du viscère. Les gros intestins, le colon, le cœcum & le rectum, lorsque les vers sont plus ou moins multipliés, sont surtout affectés de semblables lésions. Les intestins grêles sont ceux qui éprouvent le moins de ces sinistres effets, mais ils ne sont pas toujours intacts ; du reste, la masse totale de tous ces vers, qui ne sont au surplus jamais seuls de leur espèce dans le corps des animaux qu’ils détruisent, est quelquefois très-considérable ; nous en avons trouvé jusqu’à trois livres & quatre onces ; cette masse d’animaux, toujours rongeans & dévorans, qui consomment les sucs nourriciers les plus essentiels à la vie, est plus que capable de produire tous les accidens que nous venons de décrire.

Un cheval est affecté de temps en temps d’attaques de vertige ; les intervalles qui séparent ces attaques, sont d’abord très-longs, ils deviennent plus fréquens, enfin, l’animal meurt subitement ; on trouve à l’ou-