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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/649

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CHAPITRE PREMIER.

Histoire naturelle du Ver à soie.


Section Première.

Du ver.

Geoffroi, dans son Histoire abrégée des insectes, place le papillon du ver à soie dans la troisième section des insectes à quatre ailes farineuses, sans trompe, & dont les antennes en forme de peigne, vont en décroissant depuis la base jusqu’à l’extrémité. La chenille de ce papillon est à peau rase, & elle se forme en chrysalide dans une coque formée de sa substance.

La chenille ou larve du ver à soie, a la tête formée par deux espèces de calottes sphériques, dures, écailleuses, sur lesquelles on remarque des points noirs. Ces deux calottes sont les yeux de l’insecte. Sa bouche est placée à la partie antérieure de la tête ; elle est armée de deux fortes mâchoires, qui lui servent à ronger les feuilles. À la lèvre inférieure, on voit un petit trou, qui est la filière, d’où sort le brin de soie qui forme le cocon.

Lorsque le ver sort de la coque, sa couleur est cendrée, & quelquefois d’un rouge brun tirant sur le noir. Après la première mue, cette couleur s’éclaircit & devient d’un blanc jaunâtre. Ce ver a neuf anneaux ; le dernier est l’anus, ou l’ouverture par laquelle l’insecte rend ses excrémens. Chaque anneau est marqué, sur les côtés, d’une tache de couleur plus foncée que celle de la peau : elle est en forme de boutonnière, & présente une ouverture ou trachée, par laquelle l’insecte respire. On nomme ces ouvertures, stigmates. Ce nombre d’ouvertures destinées à la respiration, prouve combien le ver à soie a besoin de respirer.

les six premières pattes sont exactement les enveloppes de celles que le papillon aura. Elles sont écailleuses & attachées aux trois premiers anneaux ; les autres sont membraneuses, & resteront dans la dépouille de la chrysalide.

Section II.

Des mues du ver à soie.

La chenille, ou le ver à soie, éprouve quatre maladies qu’on nomme mues, parce qu’il se dépouille de sa peau Ces mues sont des époques critiques, pendant lesquelles l’insecte souffre. Après la dernière, il fait son cocon, s’y transforme en chrysalide, & en sort ensuite sous la forme de papillon. Voici la description du mécanisme de la mue, d’après les observations de M. de Sauvage.

« La mue qui fait la séparation de l’âge du ver à soie, n’est pas un sommeil ou un temps de repos ; c’est un état de langueur, & d’un travail pénible : il s’agit de se dépouiller d’une surpeau, qui, ne croissant pas comme le ver, commence à le gêner, & ne sauroit enfin le contenir plus long temps. Il y va de sa vie s’il ne peut en venir à bout. Cet état revient six fois pendant la vie du ver ; quatre avant de filer, & deux au-dedans du cocon. Il en vient chaque fois à ce terme, dans des intervalles plus ou moins longs,