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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/685

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les dispositions de l’atelier, dont j’ai donné la description, il est facile de n’avoir que le courant d’air que l’on désire, & l’on est toujours le maître de graduer la chaleur, & de la maintenir au degré jugé nécessaire suivant les circonstances. 2°. Si l’atelier n’est éclairé que d’un seul côté, & que la partie la plus voisine des fenêtres reçoive directement la lumière du soleil, on verra les vers fuir cette lumière autant qu’il dépendra d’eux. Le trop grand jour les fatigue. Il est donc essentiel que l’atelier soit éclairé au moins de deux côtés ; que l’on puisse y modérer la trop grande clarté, afin que le ver se plaise également sur tous les points des claies ou des tablettes. Ils aiment à être à leur aise, ils mangent plus tranquillement, & ils en profitent mieux.

Section II.

De la propreté, indispensable pendant l’éducation.

Si on se rappelle la description du ver à soie, on se rappellera également que la nature lui a donné seize stigmates ou trachées-artères pour respirer, par conséquent qu’il a besoin de beaucoup d’air pur ; & que par l’inspiration & la respiration, il en vicie. J’insiste sur ce point, parce que je le regarde comme la base première d’une bonne éducation. La conséquence à tirer est donc qu’on ne doit laisser dans l’atelier aucune matière sujette à corruption & à putréfaction, parce que dans sa décomposition elle donne de l’air fixe ou air mortel, qui augmente la mauvaise qualité de celui de l’atmosphère dans laquelle l’animal respire. À cet égard, l’insouciance du paysan est extrême, il n’y fait même pas attention. Chez lui le sol de l’atelier est souvent couvert d’un pouce ou deux de débris de feuilles ou de crottin de vers. S’il balaye, il pousse & amoncelle toutes les ordures dans un coin, où par leur amoncellement, la fermentation agit plus fortement, & les putréfie plus vite… D’autres ne changent la litière des vers qu’après chacune de leurs mues. Ensuite on est étonné que la plus grande partie de ces petits animaux périssent successivement, ou de langueur, ou même par des maladies épidémiques.

À quel signe doit-on reconnoître qu’on doit changer la litière, opération qu’on nomme déliter ? Est-ce lorsque la litière est parvenue à plusieurs pouces d’épaisseur ? Cette indication devient vague & ne dit rien, puisqu’elle tient en raison de l’âge des vers, qui augmente le volume de leurs excrémens, ou en raison de la chaleur & du froid (ils mangent plus lorsqu’il fait chaud que lorsqu’ils ont froid) ; ou enfin relativement à la quantité de feuilles que l’éducateur leur donne ou de trop ou pas assez. L’indication la plus suivie en général est celle-ci : lorsqu’en passant la main sous la litière, on la trouve humide, c’est le moment de la changer. J’ose dire que cette indication est abusive ; parce qu’entre l’humidité & la moisissure qui survient, il n’y a qu’un pas ; tout comme il n’y a qu’un pas entre la moisissure & la putréfaction, surtout si elle est aidée par la chaleur. Je ne vois qu’un seul moyen efficace ; c’est de la changer petit à petit toutes les 24 heures, excepté pendant les époques des mues.