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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/686

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À cet effet, tenez vos vers toujours à l’aise sur des claies ou sur des tablettes ; le matin, au repas qu’on leur donne, ne jetez des feuilles que la quantité suffisante pour couvrir la moitié de la longueur des tablettes. Alors les vers se porteront tous de ce côté, & même pour les y mieux forcer, diminuez un peu sur le côté opposé la quantité de feuilles, dans le repas qu’on leur donne le soir : alors pressés par la faim, ils courront avec rapidité à la feuille nouvelle, & se hâteront d’abandonner l’ancienne. On dira peut-être que ce procédé augmente la consommation des feuilles. Cela ne peut pas être, & produit un effet tout contraire. L’animal, à moins qu’il ne soit pressé par un vif besoin, ne mange pas la feuille qu’il a piétinée pendant long-temps, ni celle qui est échauffée par la litière, ou qui a contracté une saveur, ou une odeur désagréable en séjournant sur la litière. Ainsi le procédé que j’indique est donc plus économique que le procédé ordinaire. Si sur la partie de la tablette où l’on n’a point jeté de feuilles, ou si dans la litière de ce côté, il reste quelques vers, ce sont des traînards, des foibles, des languissans qui demandent à être séparés des autres, & portés à l’infirmerie, ainsi qu’il sera dit ci-après.

Lorsque les vers sont tous sur le côté où l’on a jeté la feuille nouvelle, alors on enlève toute la litière du côté opposé ; & sans différer, on la porte dans un lieu très-éloigné de atelier. Ce qui dans un jour a été pratiqué sur un côté, on le pratique de même le lendemain pour l’autre, & ainsi de suite : d’où il résulte que toutes les quarante-huit heures la litière est complettement enlevée, & qu’elle n’a jamais trop d’épaisseur ; que les vers malades ne peuvent pas s’y cacher, enfin qu’elle n’a pas le temps de devenir humide, encore moins de moisir, de se putréfier, ni de vicier l’air atmosphérique de l’atelier.

L’expérience a prouvé que si l’on jette sur la litière déja très-épaisse & même moisie, de la chaux en poudre, l’alcali de cette chaux neutralise les émanations de ce corps fermentant, qu’elles ne sont plus nuisibles aux vers, & que les vers ne sont en aucune manière affectés par cette poussière de chaux, quoiqu’elle les touche ; enfin qu’ils mangent sans inconvénient la feuille un peu recouverte de fine poussière de cette chaux. Cet expédient peut être réellement utile, lorsque l’on manque essentiellement de bras pour le service de l’atelier, mais dans toute autre circonstance, si l’on délite entièrement dans les quarante-huit heures, il est impossible que la litière nuise aux vers.

Que l’atelier soit exactement balayé une & même deux fois par jour suivant le besoin ; que chaque fois on ait soin d’arroser le plancher, soit pour empêcher que la poussière ne s’élève & n’incommode les vers, soit parce que l’eau attire & absorbe de l’air atmosphérique une grande quantité d’air fixe, & par conséquent en débarrasse le premier au grand avantage des vers. Cet arrosement doit être plus copieux & plus souvent répété, lorsque la chaleur extérieure est étouffante, & surtout lorsque le temps est lourd, bas, chargé d’électricité, & par conséquent à l’approche des orages qu’annoncent le tonnerre. Enfin éloi-