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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/79

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mer des housses aux colliers des chevaux de trait, la laine n’y reste pas long-temps. Employée dans des matelats, ou à d’autres usages, elle se remplit d’insectes.


Causes de la maladie du sang.

Les causes qui déterminent la maladie du sang sont, à ce qu’il me semble, 1°. La constitution des bêtes à laine de Beauce ; 2°. leur régime pendant toute l’année & sur-tout à l’époque de la maladie ; 3°. la sécheresse ou la chaleur de la saison où elle se manifeste.[1]

Les bêtes à laine élevées & conservées en Beauce, sont plus sujettes à la maladie du sang, que celles qu’on amène des pays humides, car leurs fibres sont sèches, leur sang est épais & contient peu de sérosité. Elles ont le jarret fort & résistent vigoureusement lorsqu’on les prend par la jambe. Leurs yeux sont vermeils ; tout annonce en elles un tempérament sanguin. La pourriture ne les attaque jamais tant qu’elles restent dans le pays.

On a observé que plus les troupeaux sont nourris abondamment & long-temps à la bergerie, plus ils sont exposés à la maladie du sang. Communément on commence à leur donner à manger vers la Saint-Martin, quelquefois plutôt ; & l’on continue ainsi jusqu’à la mi-avril, & même beaucoup plus tard, selon qu’il y a plus ou moins d’herbe aux champs. D’abord on ne les nourrit qu’en partie ; ensuite on les nourrit en entier, & on diminue par degré les alimens qu’on leur donne. En réunissant le temps de la nourriture en partie, & celui de la nourriture en entier, on peut estimer qu’on les nourrit en entier pendant cinq mois. Lorsqu’il ne s’agit que de suppléer à ce qu’il faudroit de plus de nourriture aux troupeaux, ou, ce qui est la même chose, de ne les nourrir qu’en partie, on se contente de mettre dans leurs râteliers du froment en gerbe, qui a été presque tout à-fait battu ; mais si on veut les nourrir entièrement, on y ajoute le matin des gerbes de froment qui n’ont pas été battues, & le soir des bottes de vesce qui contiennent tous leurs grains.

On mène en Beauce les bêtes à laine aux champs en tout temps, excepté quand la terre est couverte de neige. On les retient encore à la bergerie les jours où il tombe de la grêle ou de la pluie froide. Vers la Toussaint on commence à façonner les terres qui ont rapporté du froment, afin de les disposer à recevoir des grains de mars. Ces façons

  1. Cette maladie est commune dans le bas-Languedoc aux bêtes à laine, aux bêtes à cornes, & aux chevaux même. Elle dépend de la constitution des animaux qui sont plus sanguins les uns que les autres ; de la chaleur générale de l’air, & de la chaleur particulière qu’éprouvent certains animaux, soit dans leurs bergeries soit dans leurs parcs, soit ailleurs ; des alimens plus capables d’échauffer que de rafraîchir ; telles sont les plantes aromatiques, communes dans cette partie de la province ; de la manière dont sont conduits certains troupeaux, qu’on mène aux champs par la chaleur, qu’on presse en chemin, enfin confiés à des bergers ou des bouviers peu soigneux, &c. La race étant un viscère lâche, le sang s’y amasse plus aisément que dans un autre. Note de M. Thorel.