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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1800, tome 10.djvu/25

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expériences sans nombre, si un des premiers chimistes de l’Europe, celui à qui les arts ont le plus d’obligation, ne s’étoit chargé de le remplacer.

Une perte non moins grande ce sont ses commentaires et ses notes sur le théâtre d’agriculture d’Olivier de Serres. Il y avoit travaillé pendant dix ans. En 1786, il écrivoit à un de ses amis : Olivier de Serres est, dans son genre, aussi sublime que Bernard Palissy ; je l’ai chanté toute ma vie, et je le chanterai jusqu’à ma mort. On n’a pas même trouvé dans sa bibliothèque d’exemplaire de cet ouvrage.

Il est encore un article précieux qu’on a recherché inutilement, c’est le discours sur la manière d’étudier l’agriculture par principes, qu’il avoit promis d’insérer dans le premier volume de son dictionnaire, et qu’il renvoya au dernier volume. On jugera du soin qu’il avoit mis à le composer par ce passage d’une lettre écrite en 1781, au citoyen Cuchet, son libraire et son ami. « J’ai commencé mon discours à plusieurs reprises, et j’ai toujours été forcé de le rejetter dans un coin. J’ai bien l’ordre et la marche ; mais ce n’est qu’une charpente grossière, et il me manque complètement de quoi boucher tous les vides qui se trouvent entre chaque pièce. Soyez assuré que ce morceau est de dure digestion ; plus je l’étudie, plus il m’effraie ».

Avant de terminer cette notice, dois-je répondre aux clameurs de l’envie qui a voulu ravir à l’abbé Rozier la gloire d’avoir fait, sur l’Agriculture, l’ouvrage le plus complet, le plus savant, le plus utile qu’on connoisse ? Un écrivain que je m’abstiendrai de nommer par égard pour sa vieillesse, a prétendu, il y a un an, que cet auteur n’avoit fait qu’une misérable compilation, qu’il n’y avoit pas un article de lui dans les neuf volumes de son Dictionnaire ; et il citoit en preuve les noms des plantes qu’il accusoit Rozier d’avoir