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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1800, tome 10.djvu/365

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Il n’est pas jusqu’à l’étymologie du mot vin sur laquelle les auteurs n’aient produit des opinions différentes : mais, à travers cette longue suite de fables dont les poètes, presque toujours mauvais historiens, ont obscurci l’origine du vin, il nous est permis de saisir quelques vérités précieuses ; et, dans ce nombre, nous pouvons placer, sans crainte, les faits suivans :

Non seulement les premiers écrivains attestent que l’art de fabriquer le vin leur étoit connu, mais ils avoient déjà des idées saines sur ses diverses qualités, ses vertus, ses préparations, etc. : les dieux de la fable sont abreuvés avec le nectar de l’ambroisie. Dioscoride parle du cœcubum dulce, du surrentinum austerum, etc.. Pline décrit deux qualités de vin d’Albe ; l’un doux, et l’autre acerbe. Le fameux Salerne étoit aussi de deux sortes, au rapport d’Athénée. Il n’est pas jusqu’aux vins mousseux dont les anciens avoient connoissance : il suffit du passage suivant, de Virgile, pour s’en convaincre.

…………ille impiger hausit
Spumantem paterum……………

En lisant ce que les historiens nous ont laissé sur l’origine des vins que possédoient les anciens Romains, il paroitra douteux que leurs successeurs aient ajouté aux connoissances qu’ils avoient en ce genre. Ils tiroient leurs meilleurs vins de la Campanie, (aujourd’hui Terre de Labour) dans le royaume de Naples. Le Salerne et le Massique étoient le produit de vignobles plantés sur des collines tout au tour de Mondragon au pied duquel coule le Garigliano, anciennement nommé Iris. Les vins d’Amiela et de Fondise récoltoient près de Gaëte ; le raisin de Suessa croissoit près de la mer, etc. Mais, malgré la grande variété de vin que produisent le sol d’Italie, le luxe porta bientôt les Romains à rechercher ceux d’Asie ; et les vins précieux de Chio, de Lesbos, d’Éphèse, de Cos et de Clazomène ne tardèrent pas à surcharger leurs tables.

Les premiers historiens, dans lesquels nous pouvons puiser quelques faits positifs sur la fabrication des vins, ne nous permettent pas de douter que les Grecs n’eussent singulièrement avancé l’art de faire, de travailler et de conserver les vins : ils les distinguoient déjà en protopon et deuterion, suivant qu’ils provenoient du suc qui s’écoule du raisin avant qu’il ait été foulé, ou du suc qu’on extrait par le foulage lui-même. Les Romains ont ensuite désigné ces deux qualités sous les dénominations de vinum primarium et vinum secundarium.

Lorsqu’on lit avec attention tout ce qu’Aristote et Galien nous ont transmis de connoissances sur la préparation et les vertus des vins les plus renommés de leur tems ; il est difficile de se défendre de l’idée que les anciens possédoient l’art d’épaissir et de dessécher certains vins pour les conserver très-long-tems : Aristote nous dit expressément que les vins