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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/104

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sont exposés à leur contact. Les excrémens des animaux sont aussi désagréables pour eux que les nôtres le sont pour nous, et leur répugnent autant. Il est très-nécessaire de les nettoyer souvent, de changer leur litière ; car il vaudroit encore mieux les laisser coucher sur un plancher propre et uni, que dans une litière pourrie et infecte. Il seroit encore fort utile de laver souvent ces étables et ces écuries, d’en blanchir les murs avec un lait de chaux, de nettoyer les différens ustensiles avec de l’eau un peu vinaigrée, d’enlever la poussière, les toiles d’araignées, de faire périr par diverses lotions âcres et caustiques les œufs des insectes, de faire baigner les animaux plus souvent, de les étriller, les frotter avec un bouchon de paille, de changer leurs auges et mangeoires, ou les tenir nettes ; d’enlever sur-tout les excrémens, de faire bien écouler les urines et de préserver de l’humidité les étables, de les maintenir sèches, s’il est possible. Il ne faut pas trop encombrer les bestiaux, et avoir soin de séparer les malades des sains. L’odeur du foin sec et de la paille, la poussière qui en sort lorsqu’on les secoue, contribuent encore à remplir les écuries, les étables, les bergeries d’un air fort épais ; il faudroit donc secouer ces foins et ces pailles dans la grange, avant de les donner aux bestiaux. Ce sont ces soins qu’on néglige, parce qu’ils sont pour des bêtes, qui deviennent quelquefois des causes de graves incommodités et de grandes pertes d’animaux. C’est alors que l’œil du maître est sur-tout nécessaire, et qu’on a besoin de domestiques intelligens et laborieux. Aussi la santé et la beauté des animaux dont on tient les étables propres sont très-remarquables.

Une subsistance saine et abondante ne suffit pas, encore une fois ; et, comme on l’a dit, la propreté et la litière d’un animal sont la moitié de sa nourriture.

Des moyens mécaniques. Indépendamment des soins précédens, il existe encore d’autres manières de renouveler l’air et de chasser les exhalaisons méphitiques des étables, des bergeries et des écuries. Il faut sur-tout isoler les espèces de bestiaux dans des lieux séparés, car il paroît que les vapeurs de la transpiration d’une espèce sont plus nuisibles à une autre espèce que les leurs propres. D’ailleurs, ce mélange de diverses exhalaisons d’animaux peut former des miasmes plus délétères que s’ils étoient simples. La précaution d’éloigner le grenier à foin, qu’on place souvent au dessus des écuries, est encore utile, car lorsque le foin s’imprègne des vapeurs qui s’élèvent de l’étable, les bestiaux dédaignent cet aliment qui acquiert une saveur désagréable à leur goût. Il suffit même que quelqu’un ait couché sur ce foin, pour qu’il leur répugne. La salubrité des écuries et des étables qui n’ont point de greniers à foin au dessus d’elles est plus grande, parce que le foin les échauffe non seulement d’une manière extrêmement sensible, mais encore il exhale une grande quantité de gaz acide carbonique chargé d’une odeur herbacée, comme on peut s’en convaincre par l’odorat ; Ce qui augmente toujours le méphitisme de l’air. Si la bergerie ou l’étable n’est point entourée de paille, de foin et d’autres matières facilement combustibles, l’un des moyens les plus utiles pour renouveler l’air, seroit d’y promener une petite botte de paille enflammée, avec toutes les précautions nécessaires pour ne pas occasionner d’incendie : c’est ainsi qu’on dilateroit l’air et qu’on le changeroit ; ce moyen aideroit aussi à faire périr les taons, les oestres, les araignées et autres insectes nuisibles ou malfaisans. Les habitans de l’Europe méridionale, comme dans l’Espagne, le