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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/105

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royaume de Naples, chassent ou font périr les scorpions, les crapauds, les lézards, qui viennent en grand nombre se réfugier dans les étables, en brûlant de la poix et du galbanum dont l’odeur les suffoque. Mais il est sur-tout nécessaire d’entretenir une grande agitation dans l’air, soit par des ventouses qui aspirent l’air par le haut, comme le recommande mon collègue Tessier, dans les Mémoires de la Société de Médecine, année 1779, soit par quelque autre moyen analogue. Le froid est plus favorable à la salubrité des étables que la chaleur, parce que celle-ci hâte la putréfaction des litières, des excrémens, des urines, tient les bestiaux dans une sueur et une transpiration continuelles qui les affoiblissent et les étouffent ; aussi ces animaux toussent ; leurs poumons deviennent squirrheux, et ils périssent de suffocation. C’est pourquoi il est avantageux de pratiquer des ouvertures du côté où souffle le vent. Il faut excepter cependant le vent chaud et humide du midi et du sud-ouest, qui sollicite la putréfaction dans les corps.

La dessiccation des foins et des autres fourrages dégageant une très-grande abondance de gaz acide carbonique, ou d’air méphitique, il faut écarter de la demeure des bestiaux ces herbes encore à demi-fraîches. Le voisinage des fumiers, des mares ou flaques d’eaux croupies et fangeuses, auprès des étables, des bergeries, des écuries, forme encore un foyer très-dangereux de corruption, qu’il est nécessaire d’éloigner autant que les localités le permettent.

Les toits à porcs doivent avoir des cloisons à jour ; ces animaux ne craignent point le froid, ils aiment l’humidité et à se vautrer dans l’ordure, moins par goût, que par la nécessité où ils sont de calmer la chaleur de leur tempérament pendant l’été, et de trouver une espèce de coussin mollet qui leur fasse éprouver des sensations agréables : il convient de laver fréquemment leurs loges.

On pourroit établir, dans les grandes étables, des ventilateurs, une espèce de grand éventail qui, mis en mouvement dans les grandes chaleurs, aideroit à rafraîchir et à renouveler l’air. J’ai vu, dans de vastes écuries, un petit ruisseau d’eau claire qui, les traversant, et charriant au dehors toutes les immondices, y entretenoit la propreté et une fraîcheur agréable avec la salubrité. D’ailleurs, il importe beaucoup de donner aux animaux un espace suffisant pour ne pas être gênés, sur-tout dans la gestation, de peur d’occasionner des avortemens.

Des moyens chimiques. Les mêmes procédés employés pour désinfecter l’air des salles d’hôpitaux, des prisons, des camps, des caveaux, des vaisseaux, des ateliers, enfin de tous les lieux où se rassemble une grande foule d’hommes, peuvent également s’appliquer à ceux où on réunit beaucoup d’animaux. Mais, tant qu’on ne parviendra point à éteindre le foyer de l’infection ; tant qu’on n’arrêtera pas cette source d’émanations malfaisantes, le secours d’un remède momentané, tel qu’une fumigation, ne sera presque d’aucune utilité ; car si elle n’a pour but que de détruire les miasmes délétères de l’air, on auroit plutôt fait de le renouveler entièrement ; il faut donc que ces procédés chimiques attaquent principalement le foyer de l’infection, et qu’ils agissent plutôt sur la cause qui vicie l’air, que sur cet air même.

Les anciens agriculteurs ont proposé mille recettes de fumigations pour assainir l’air des étables, des écuries, des poulaillers, des colombiers, etc. Les uns se servoient du soufre, d’autres du benjoin, de l’encens, de plantes, de résines aromatiques, du genièvre, etc., qu’ils faisoient brûler dans les lieux ou étoient renfermés leurs animaux domestiques,