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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/106

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mais, loin de purifier l’air, ils le remplissoient d’une fumée épaisse et étouffante qui suffoquoit les pauvres bestiaux. D’autres auteurs recommandoient de mettre du vinaigre en expansion, en le versant sur une pelle rougie au feu. Ce procédé n’étoit pas plus utile que les précédens ; car le vinaigre se décomposant formoit du gaz acide carbonique, et de l’hydrogène mêlé d’eau en vapeurs qui épaississoient toujours l’air, et le rendoient moins propre à la respiration.

Le moyen le plus avantageux pour détruire la putridité de l’air et les miasmes infects de la demeure des animaux domestiques, lorsque les précautions ci-dessus indiquées ne sont pas suffisantes, consiste dans le procédé de désinfection de M. Guyton de Morveau. Ce célèbre chimiste a donné le premier l’idée d’appliquer l’action de l’acide muriatique oxigéné, dans l’état de vapeurs ou de gaz, aux miasmes délétères et contagieux pour les détruire. En effet, l’oxigène dont cet acide est surchargé se combine aux principes putrides répandus dans l’air, change leur nature, et parvient à neutraliser les effets pernicieux qu’ils exercent sur l’économie animale.

L’on a soin de faire sortir d’une écurie ou d’une bergerie infectée tous les animaux qu’elle renferme ; lorsqu’on veut mettre ce procédé en pratique pour une étable d’environ trente pieds de longueur, douze de largeur, et autant d’élévation, l’on prend une demi-livre de sel de cuisine pulvérisé, (muriate de soude) deux onces de manganèse en poudre, (oxide de manganèse) huile de vitriol, (acide sulfurique concentré) six onces, mêlés avec autant d’eau.

L’on dispose au milieu de l’étable un petit fourneau bien allumé sur lequel on placera une terrine de grès remplie de sable fin ou de cendre tamisée ; sur ce sable ou ces cendres on mettra une capsule de verre ou de grès, dans laquelle on jettera le mélange de sel et de manganèse, ensuite on versera dessus, en mêlant, l’huile de vitriol étendue d’eau, en évitant la vapeur forte qui s’en élèvera aussitôt. On se retirera en fermant exactement toutes les issues, et on laissera les choses en cet état jusqu’au lendemain. Alors on ouvrira les portes, les larmiers ; on renouvellera l’air, et l’étable sera purifiée. Nous renvoyons d’ailleurs à l’article Acide muriatique de ce Supplément.

Le docteur anglais Carmichaël Smith, a recommandé un autre procédé qui paroît être fort efficace aussi, et qui consiste à mettre en expansion du gaz nitreux, au lieu de l’acide muriatique oxigéné. Pour cet effet, on dispose également un fourneau allumé avec son bain de sable ; on met dans la capsule de verre ou de grès environ six onces de salpêtre purifié, (nitrate de potasse) réduit en poudre ; on verse dessus six onces d’acide vitriolique, (acide sulfurique étendu d’eau) et l’on retient la vapeur dans le local, en le fermant exactement.

Ces deux procédés ont été mis en usage avec beaucoup de succès, non seulement pour les lieux habités par les hommes, mais encore pour les demeures des bestiaux. Ils sont particulièrement nécessaires dans les cas de maladies contagieuses, d’épidémies et d’épizooties ; si l’on ne peut pas faire sortir tous les animaux de l’étable dont on veut assainir l’air, on fera ces fumigations moins fortes de la moitié, pour ne pas incommoder les bestiaux.

Plusieurs expériences ont démontré l’utilité de ces fumigations de gaz acide muriatique oxigéné, dans les redoutables maladies épizootiques contagieuses. Vicq-d’Azyr les a recommandées dans ces occasions ; et quoique le docteur Rasozi et quelques auteurs en aient contesté l’efficacité, cependant elles ne sont point à négliger, sur-tout après avoir