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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/217

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à la faveur desquelles nous nous proposions de vaincre tous les obstacles qui se rencontrent ordinairement dans la substitution d’un procédé à un autre.

Il nous fut d’autant plus facile de surmonter toutes ces difficultés, que je connoissois déjà les expériences que M. Roard avoit faites sur le même objet, et que nous n’avions que de légers changemens à faire au procédé et à l’appareil que M. Chaptal avoit proposés pour une opération analogue.

M. Cadet-Devaux a publié, dans le journal d’Économie rurale et domestique, le procédé que nous avons substitué à l’ancien. Il a donné aussi la description de l’appareil et du fourneau que j’ai destinés à ce genre d’opération ; enfin, il a fait connoître tous les avantages que l’économie politique et domestique doivent retirer de l’adoption de ce nouveau procédé.

C’est ce même procédé que nous allons décrire ici.

Du blanchissage à la vapeur. Le blanchissage à la vapeur intéresse non seulement l’économie domestique, mais plus essentiellement encore l’économie politique, sous le rapport des arts, du commerce, de l’industrie nationale, et sur-tout de l’économie du bois, dont le blanchissage fait une consommation ruineuse, puisque quarante millions d’hommes concourent, en France, à cette consommation.

Avant de présenter à l’économie domestique les avantages du nouveau procédé, arrêtons-nous un instant sur ceux que l’économie politique doit retirer de l’adoption du blanchissage à la vapeur. Cet art est entièrement nouveau ; il exclut tous les procédés usités pour blanchir le linge : il proscrit les cendres, le salin, la potasse. Nous prouverons bientôt à l’économie domestique que l’emploi de ces substances lixivielles n’a que des inconvéniens ; l’économie publique va juger de l’influence de cette proscription sur la dépense générale.

Des cendres. La presque totalité des cendres, dans les villes, est employée au blanchissage ; dans les campagnes, c’est la totalité. La cendre est nécessaire aux verreries, à la confection du salpêtre, et ce qui provient de l’incinération du bois que la France consomme seroit plus que suffisant pour subvenir aux besoins de ces deux arts. Or, désormais l’économie domestique n’entrera plus en concurrence avec eux. L’intérêt de ces arts et celui de l’économie sont liés, parce que l’économie bénéficie en vendant ses cendres et achetant le sel lixiviel, dont le blanchiment à la vapeur prescrit l’emploi.

Des sels lixiviels. On donne le nom de sels lixiviels aux sels qu’on emploie à faire la lessive. Ces sel ont la propriété de s’unir avec les substances grasses dont le linge sale est pénétré, et cette union convertit la substance grasse en savon. Les sels lixiviels sont le produit des végétaux : ce sont le salin, la potasse, la soude.

Du salin. Le salin est le sel des cendres : c’est la lessive de la cendre qu’on évapore à siccité. Le salin contient des sels étrangère aux sels lixiviels, et, de plus, une partie colorante qui nuit à la blancheur du linge.

De la potasse. La potasse est le salin purifié et rendu caustique par la calcination ; mais la causticité de la potasse est inquiétante, et le devient davantage, lorsqu’on l’augmente par la chaux vive. Au défaut de cendres, c’est le salin, c’est la potasse, que le salpêtrier et le verrier emploient : nous leur restituons la cendre de laquelle on obtient ces sels.

La France, dans son état actuel de pénurie en bois, n’a plus ni salin, ni potasse à fabriquer ; c’est de l’étranger qu’on tire ces productions, dont le prix ne cesse d’augmenter en raison de la dimi-