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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/218

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nution des bois dans l’Europe entière ; car bientôt le Nord et l’Amérique septentrionale même n’auront plus de forêts assez étendues, pour fournir à l’énorme consommation de cette substance. La France tire annuellement de l’étranger pour plus de dix millions de potasse. Par le nouveau procédé, le commerce est affranchi de l’importation étrangère du savon et de la potasse ; car, ce que le verrier et le salpêtrier ne consommeront pas de cendres, suffira à la fabrication de la potasse, que quelques autres arts emploient.

De la soude. On tire la soude de l’Espagne. Le peu qui s’en fabrique dans nos provinces méridionales maritimes s’y consomme. En proscrivant la soude, le commerce est également affranchi de cette importation étrangère.

Du savon. Le blanchissage à la vapeur diminue beaucoup aussi la consommation du savon, c’est-à-dire, à peu près du tiers à moitié ; mais comme nos savons sont les meilleurs de l’Europe, ce que la France consommera de moins ouvrira une plus forte exportation à l’étranger.

De la consommation du bois. Il résulte d’une suite d’expériences que le blanchissage d’une quantité donnée de linge, dont le simple couler de la lessive consomme pour quinze francs de bois, n’en consomme, par la lessive à la vapeur, que pour quinze sous ; il y a donc économie des dix-neuf vingtièmes.

Le prix du bois augmente chaque année ; la diminution du bois et sa valeur continuellement progressives, menacent donc l’indigent de sa privation, et déjà il l’éprouve. Son prix exorbitant depuis long-temps gêne l’aisance, et il devient pour le riche un fort objet de dépenses, sur-tout par la prodigalité qu’il y met. On admet, dans l’Empire français, une population de quarante millions ; établissons à quinze francs par an ce que riches ou pauvres dépensent en blanchissage. C’est ce que coûte en un jour celui de la maison de nombre de riches. Dans ce calcul, le bois entre pour la moitié du prix de la lessive. Quarante millions d’hommes à quinze francs par an, cela fait 600 millions : moitié pour le bois, 300 millions. En déduisant un vingtième pour celui que la lessive à la vapeur consomme, il en résulte une économie annuelle de 285 millions.

Comparons maintenant les dépenses résultant de l’une et l’autre manières d’opérer, et le temps employé à chaque opération : c’est le moyen d’en connoître les avantages réels. On est parti d’après une lessive composée de 555 pièces de linge, pesant 500 livres.

PROCÉDÉ USITÉ. PROCÉDÉ À LA VAPEUR.
PREMIER JOUR. Echangeage partiel.
Échangeage.
À la rivière ou à la fontaine, eau douce.   À la maison ; eau de puits ; il rentre dans la classe des opérations domestiques et n’exige conséquemment point de buandières.
Trois journées de buandière à 2 l. 6 l. s.
Une journée de bête de somme et de son conducteur 2   PREMIER JOUR
Savon à 18 sous, cinq livres 4 10   Tremper le linge, l’égoutter, le passer à la lessive et l’y laisser macérer ; ces opérations n’exigent que deux heures, et trois au plus pour un fort blanchissage.
12 l. 10 s.
 
SECOND JOUR DEUXIÈME JOUR.
Couler à froid. Le séjour au cuvier, le retirage et le savonnage, sont les opérations du deuxième jour.
Une journée de buandière 2 l.   s.
  Sel de soude 9 l.
Savon 18 s.
Bois 15
10 l. 13 s.
Couler à chaud.  
TROISIÈME JOUR.
Une journée de buandière et une nuit 2 l.  
Cendres, dix boisseaux 10  
Bois, fagots, bourrées 15  
27 l. 0 s.
QUATRIÈME JOUR.
Retirage et savonnage. Retirage et savonnage.
Quatre journées de buandières. 8 l.   Trois journées de buandières. 6 l.
Une journée de bête de bête de somme et de son conducteur. 2   Une journée de bête de somme et de son conducteur. 2
Savon à 18 sous, quatre livres 3 12   Savon, une livre et demie 1 7
13 l. 0 s. 9 l. 7 s.