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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/219

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PROCÉDÉ USITÉ. PROCÉDÉ À LA VAPEUR.
Récapitulation de la dépense. Récapitulation de la dépense.
Cendres 10 l.   Sel de soude 9 l.
Savon 8 2   Savon 2 5
Bois 15   Bois 15
Journées 22   Journées 8
55 l. 2 s. 20 l. 0 s.
Temps, trois jours et une nuit de lessive, et quatre jours où on couleroit à froid. Temps, deux jours, trois heures de la veille et une nuit inactive.
Un blanchissage composé de cinquante-cinq pièces, au lieu de six centre cinquante-cinq, seroit l’affaire de trois à quatre heures pour toutes ces opérations.


Procédé usité 55 l. 2 s.
Procédé à la vapeur 20
Bénéfice 35 l. 2 s.


INCONVÉNIENS DU PROCÉDÉ USITÉ, AVANTAGES DU PROCÉDÉ À LA VAPEUR.
PROCÉDÉ USITÉ. PROCÉDÉ À LA VAPEUR.
De l’échangeage. De l’échangeage.
Transport de la totalité du linge à la fontaine.
Eau douce.
Échangeage d’une partie du linge au savon.
Frais de transport, du savon, et une troisième buandière.
L’échangeage à la maison.
Eau de puits.
Point d’échangeage au savon.
Économie de ces trois dépenses.
De la lessive. De la lessive.
On y emploie la cendre, la soude, le salin, la potasse et quelquefois la chaux vive, pour augmenter la causticité de la potasse. On y emploie le carbonate de soude.
Retirage. Retirage et savonnage.
On passe à l’eau le linge dit franc de lessive ; mais on est forcé d’y employer du savon pour les taches qui n’ont point disparu, ou sur celles que fait la lessive. Le retirage et le savonnage ne sont qu’une seule et même opération.
Quoique douce et molle, notre lessive a dissous la substance grasse et fait céder les taches. Le linge porte avec lui tout le savon nécessaire, quoiqu’en très-petite quantité ; l’action de la lessive et de la vapeur donne à ce peu de savon si parfaitement dissous, et mis par là en contact avec le plus léger filament de la toile, assez d’énergie pour obtenir le linge le plus net, le plus clair et le plus blanc.
Si la buandière porte avec elle du savon, c’est pour rechercher quelques taches accidentelles.
Du savonnage.
Cette partie du retirage coûte beaucoup de savon, et pour l’enlèvement des taches, et pour éclaircir le linge que la lessive laisse terne.
On emploie le battoir, la brosse, et souvent de la lessive chaude, fatigant ainsi le linge pour faire céder les taches résistantes.


Terminons ce tableau de comparaison par les résultats de l’un et l’autre procédés.

PROCÉDÉ USITÉ. PROCÉDÉ À LA VAPEUR.
Le linge de corps, malgré l’échangeage au savon, la lessive et le savonnage, n’est pas parfaitement blanc.
Quant au linge de table qu’on n’échange pas au savon, non seulement il rapporte souvent d’une lessive, même caustique, les taches de vin ou de fruits, et si on le fait sécher au soleil, plusieurs taches de graisse reparoissent.
À plus forte raison le linge de cuisine, les torchons, ne peuvent pas subir cette épreuve de sèchement au soleil, sans reprendre une partie de leurs taches et une odeur de graillon insupportable ; cependant ce linge est échangé au savon ; en sorte qu’il est vrai de dire qu’un torchon, à dater du jour où il est mis en service, jusqu’à celui qui le réduit à son dernier lambeau, n’a jamais été pur.
Le surplus du linge, celui de lits, de chambres, quoique moins profondément sale, ne parvient jamais à être d’un blanc net et clair, malgré la causticité de la lessive usitée.


Les cendres, la soude, donnent une lessive dont on connoît très difficilement la force, parce qu’elles sont mêlées de sels étrangers, et qu’on ignore celle du sel lixiviel qu’elles contiennent réellement ; le poids ne peut pas régler, parce que l’une et l’autre sont falsifiées de terre et de sable.
Le prix de la cendre, ainsi que de la soude ne peuvent qu’augmenter, en raison de la pénurie du bois.


Les lessives de cendres et de soude sont colorées. Il résulte de cette partie colorante que beaucoup de taches résistent à la lessive, et que souvent la lessive en fait que le savon ne peut pas enlever ; alors il faut un ou deux blanchissages pour éteindre les taches.
Le linge de corps, sans échangeage au savon, acquiert la plus grande blancheur.
Nulle tache ne résiste, avec la précaution de passer préalablement à l’acide sulfurique étendu d’eau les taches de rouille ; et, au savon sec, celles qui exigent cette application ; et, quant aux taches de graisse, pas une ne reparoît au soleil, parce que la lessive, aidée de la vapeur, dissout complètement les corps gras.
Le linge de cuisine subit rigoureusement cette épreuve, il ne reproduit ni tache, ni odeur au soleil ; enfin, le torchon le plus infect sort du cuvier comme le mouchoir de poche.
La totalité du linge est de même net, clair, bien odorant, et d’une blancheur éclatante de lait, bien préférable au blanc bleuâtre qu’on donne au linge pour masquer le gris sale qu’il rapporte constamment de la lessive.
Enfin, le blanc de notre linge soutient la comparaison de celui de Flandres, qu’on obtient par des procédés si dispendieux : l’odeur du savon noir, dont le goût ne se dissipe pas moins avec le temps, le séjour sur le pré, des arrosemens répétés, font du blanchissage, dans ces provinces, l’opération la plus longue ; en passe la moitié de sa vie à blanchir le linge qu’on salit pendant l’antre moitié. Quelle économie pour ces provinces où le blanchissage est ruineux.
Il ne peut être falsifié, parce que c’est un sel sous forme de cristallisation.


Le prix ne peut que diminuer par la concurrence des fabriques.
Les dix boisseaux de cendres sont remplacés par neuf livres de sel de soude, qui entrent dans une même quantité de lessive.
La solution du sel de soude ne trouble pas la transparence de l’eau pure.
Elle ne colore conséquemment point.