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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/290

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est construite sur les mêmes dimensions que celle qui est employée au nettoiement des laines après leur lavage, et que les Espagnols nomment sarco. (Voyez cette table r, qui a trente-cinq décimètres (onze pieds) de long, sur douze décimètres et demi (quatre pieds) de large, et est portée par deux tréteaux élevés du sol de huit décimètres (deux pieds et demi). Elle est composée d’un châssis en bois, et de quatre traverses qui soutiennent des pièces de bois carrées, portant deux centimètres (neuf lignes) sur chacun de leurs côtés, et distantes les unes des autres de dix à douze millimètres (cinq à six lignes). Les traverses ont deux centimètres sur leurs faces supérieures et inférieures, et sept centimètres sur les deux autres côtés.

§. XXIII. Procédé du lavage. Nous avons dit que le triage des laines s’exécutoit dans un local auprès du lavoir. Chaque sorte est entassée séparément, afin qu’il n’y ait pas de confusion, et que l’une ne soit pas mélangée avec l’autre. Comme l’opération du triage s’exécute dans le même temps que celle du lavage, on prend indistinctement les différentes qualités de laine, selon qu’elles se trouvent en quantité suffisante, et l’on a soin de ne laver l’une qu’après l’autre, afin de ne les point confondre.

Les ouvriers portent une certaine provision de laine dans le lieu désigné par D, (Voyez Planche IV) contre lequel sont placées les deux cuves, de sorte que les laveurs trouvent sous la main la quantité de laine dont ils ont besoin pour remplir les cuves EE, à mesure qu’ils les vident. On commence par mettre dans les cuves la quantité d’eau nécessaire ; on ouvre à cet effet les robinets qui donnent l’eau chaude et celle qui vient du réservoir ou du ruisseau. L’eau doit être d’autant plus chaude, que la laine est moins fine. Cette règle générale demande à être modifiée selon les différentes qualités propres à chaque laine, de sorte que telle espèce, à finesse égale, demande une eau plus chaude que telle autre. C’est l’expérience et l’habitude du lavage seules qui apprennent quel est le juste degré de chaleur qui convient à chaque laine. Nous avons observé qu’en général la chaleur de l’eau, après que la laine y avoit été plongée, se trouvoit à un degré que la main pouvoit supporter sans en être incommodée. La température étoit beaucoup plus élevée dans d’autres circonstances : nous étions quelquefois forcés de retirer la main aussitôt après l’y avoir plongée.

Comme il est nécessaire que l’eau soit chargée d’une certaine quantité de suint pour que le lavage soit bien fait, on commence à remplir une cuve avec la laine de seconde qualité ; et l’eau se trouvant suffisamment chargée après ce premier lavage, on peut s’en servir pour laver des laines de première qualité. On fait passer une partie de cette eau d’une cuve dans l’autre, en ouvrant le trou de communication, et l’on achève de remplir avec l’eau des robinets. Ainsi l’on commence chaque jour par les laines de seconde qualité.

Lorsque la laine a été jetée dans les cuves, on la comprime légèrement, et on la fait entrer dans l’eau par le moyen de l’instrument q, dont nous avons donné la description.

Elle doit être plongée au niveau de l’eau, et ne point s’élever au dessus des bords de la cuve. On laisse communément la laine dans cet état pendant un quart d’heure ; nous avons vu des lavoirs où elle restoit une demi-heure et même une heure. On se règle, en général, sur le temps nécessaire au vidage des cuves ; de sorte que la laine reste d’autant plus de temps dans une cuve, que le nombre de celle-ci est plus considérable. On est dans l’usage, dans quelques lavoirs, d’agiter la laine, une et même deux fois, avec un bâ-