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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/291

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ton élargi à son extrémité : ailleurs, on ne la remue pas du tout. Si l’eau n’est pas trop chaude, dans le moment où la laine doit être retirée, les ouvriers montent sur les cuves, en posant les pieds d’un rebord à l’autre, et ils enlèvent avec les mains la quantité de laine qui se trouve à leur portée ; puis ils descendent dans l’intérieur pour ôter ce qui reste. Ils placent à cet effet les pieds dans les trous pratiqués aux parois intérieures des cuves. Lorsque l’eau se trouve à une température que les mains ne peuvent soutenir, les ouvriers emploient des fourches pour retirer la laine. Ils la jettent sur le plancher FF, et ils en forment des tas qu’ils foulent pour en faire sortir l’eau, en appuyant le pied sur la masse de l’instrument q. Ils tiennent de la main gauche le manche de cet instrument, et, de la main droite, l’une des cordes attachées à la charpente du bâtiment. Ils foulent avec les · pieds, lorsque la laine n’est pas trop chaude ; ils retirent ensuite, avec l’extrémité de l’instrument, la couche supérieure de la laine vers le massif G. Après avoir foulé une seconde fois la couche inférieure, ils la déposent sur le massif avec celle qu’ils avoient d’abord retirée. Il importe de bien fouler la laine avant de la jeter dans le canal ; son lavage s’effectue d’autant mieux, qu’elle contient moins d’eau grasse en entrant dans l’eau froide.

Lorsqu’une cuve a été vidée, on la remplit immédiatement d’eau, et puis de laine, et l’on continue ainsi le lavage à l’eau chaude, sans y apporter d’autre intervalle que celui où les ouvriers prennent leurs repas. L’eau, en se chargeant de suint et d’ordures à chaque opération, devient impropre au lavage : c’est pour cette raison que l’on est dans l’habitude de vider deux fois par jour chaque cuve, et de la bien nettoyer. Comme les ordures qui se déposent au fond des cuves contiennent toujours des filamens de laine, il est nécessaire, afin de ne rien perdre, de mettre à l’un des points par lesquels l’eau prend son cours, un panier sans fond, garni d’un filet[1]. On ouvre ensuite le trou de communication, et l’on y fait entrer une certaine quantité de suint qui se mélange avec la nouvelle eau, et la rend propre au lavage.

Un ouvrier, placé sur le massif G, prend la laine entre ses deux mains, et la laisse tomber sur l’eau qui sort à gros bouillons de l’ouverture pratiquée en L. On met une planche devant l’ouverture par laquelle l’eau s’échappe, afin de la forcer à prendre son cours de bas en haut, et de lui donner une plus grande étendue dans sa surface. La laine que l’ouvrier jette lentement et par petits flocons, tombant sur une plus grande surface, se divise mieux ; ses filamens sont imprégnés d’une plus grande quantité d’eau, et le lavage s’effectue d’une manière plus parfaite.

Celle qui est entraînée par le courant d’eau n’arriveroit pas dans la cage avec un degré de lavage suffisant, si elle n’étoit arrêtée et divisée dans sa marche. C’est pour produire cet effet, que l’on place cinq ouvriers vis-à-vis les traverses numérotées 1, 2, 3, 4, 5. Ces ouvriers entrent dans le canal, ils se tournent vers la partie d’où vient l’eau ; ils s’appuient soit d’une main, soit de tout le corps, sur les traverses ; et, dans cette posture, ils agitent sans interruption la jambe droite ou la jambe gauche. Lorsque le premier ouvrier balance la jambe droite, le second balance la gauche, et ainsi alternativement, de manière que la laine soit tenue dans une agitation continuelle.

  1. Nous observerons que les eaux qui sortent des cuves donnent un excellent engrais, et qu’on trouvera de grands avantages à les faire servir à l’irrigation des potagers, des prairies et des champs.