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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/323

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cipaux instrumens du commerce, la circulation des marchandises deviendroit plus active. Mais les chevaux oisifs, les chevaux de luxe consomment sans produire : ce sont ceux-là qu’on accuse encore plus d’être nuisibles. Cependant, pour sentir la fausseté de ce raisonnement, il faut faire attention qu’un État n’est pas florissant seulement parce qu’il a beaucoup d’hommes capables d’être soldats, mais encore parce qu’il a un rand nombre de personnes industrieuses de toutes les classes qui produisent plus qu’elles ne consomment, fournissent aux besoins de ceux qui protègent et exercent tous les emplois. Les capitalistes qui ne secourent l’État ni de leur personne ni par leur industrie, les capitalistes animent par l’appât de leur argent, tous les hommes laborieux à fournir les objets qui peuvent être nécessaires ou agréables dans l’agriculture, l’industrie, le commerce et les arts.

Si la force de l’État consiste dans le nombre des hommes, elle consiste autant dans les combinaisons et dans la fécondité de leur emploi. Les diverses espèces de chevaux contribuent de même à la richesse et à la puissance de l’État.

D’ailleurs, la destruction des chevaux de luxe a été dernièrement le commencement de l’époque où l’on a vu augmenter notre pénurie de chevaux.

Un cheval qui a des qualités distinguées vaut assurément un plus grand prix, et cependant il ne mange pas plus qu’une bête commune ; à la rigueur il n’exigeroit pas de soins plus considérables ; mais il provoque l’affection du propriétaire et les attentions qui en sont la conséquence.

Les plus beaux chevaux ne sont pas plus délicats que les chevaux communs ; ils ont sur eux l’avantage d’être plus intelligens, plus dociles, plus attachés au cavalier ; il y a plus de facilité à les soigner que des chevaux foibles, lâches, méchans et difformes ; il faut donc faire tous ses efforts pour empêcher qu’on ne fasse rapporter de productions à cette espèce dégénérée ; il faut donc améliorer nos races. Et peut-on craindre de multiplier les chevaux quand nous en achetons de l’étranger !… C’est l’argent qui sort de chez nous qui nuit à la population, et l’introduction des chevaux exotiques, qui rend les fourrages moins nécessaires chez nous, qui décourage de nourrir des poulinières et d’élever des poulains, qui diminue l’emploi des hommes dans notre pays pour le multiplier chez nos rivaux.

De tout ce que nous avons exposé, il nous semble qu’on peut tirer maintenant la conséquence bien déduite, qu’en encourageant tout ce qui tient au cheval, on encourage l’agriculture, le commerce intérieur qui a pour objet les chevaux ; qu’on augmente la force de l’État, et qu’un bon système de haras entretiendra cette branche essentielle de la puissance nationale.

Mais ce ne sera point à des écrits qu’on devra ces succès, c’est à des faits mêmes, c’est à des exemples frappans.

L’obstination de la routine cédera généralement à une meilleure expérience, et les animaux plus perfectionnés, plus multipliés, contribueront à rendre plus abondantes les productions de la terre ; l’homme sera mieux nourri et il pourra rendre encore ces animaux plus nombreux.

C’est ainsi que ces richesses serviront à s’augmenter l’une l’autre.


CHAPITRE II.

L’amélioration et la multiplication des chevaux sont possibles en France.

§. Ier. Le territoire français peut-il