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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/324

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fournir des chevaux excellent pour la beauté comme pour les autres qualités ? Le fonds des qualités d’un cheval, sont la force, l’énergie, la vitesse, la docilité, le courage, la durée.

Les formes les plus parfaites ne sont que celles qui servent à procurer ces avantages ; le reste est de caprice et ne peut être d’une utilité bien solide. Or, nous pensons qu’il existe aujourd’hui même, en France, un certain nombre de chevaux où l’on trouve assez de qualités pour qu’ils puissent servir à la multiplication et à l’amélioration de nos races.

Notre sol fournit des chevaux excellens pour les cinq espèces d’armes de la cavalerie et pour tous les services ; ils n’ont point perdu les bonnes qualités dont les anciens ont fait l’éloge ; elles ont été même augmentées par l’art que nos hommes de cheval ont mis à en tirer parti.

C’est sans preuve que les partisans d’une philosophie inquiète, mécontente, ont avancé que l’altération des formes, la diminution de l’énergie et des autres qualités, sont inévitables dans la succession des générations propres à chaque climat.

Les qualités de nos chevaux sont très-susceptibles d’être mises en évidence ; et si l’on n’en est pas singulièrement frappé, c’est que les preuves en sont trop fréquentes.

Le vainqueur de Marengo, à qui la modestie a fait garder le silence sur ses périls et sur son courage, pourroit, ainsi que tous nos généraux et nos cavaliers qui ont vu le cheval français au champ d’honneur, nous révéler des traits nombreux de son dévouement et de son intrépidité. Nos écuyers donneront leur témoignage à l’adresse et à l’intelligence du cheval de nos races, quand la mauvaise éducation ne lui pas ôté ses bonnes qualités ; il est bien constant même que les écuyers étrangers lui donnent la préférence pour leurs exercices.

Enfin, la foule innombrable de laboureurs, de marchands que le travail du cheval enrichit, peut convaincre les plus incrédules de l’estime que méritent nos chevaux. Et cependant, combien de Français, enthousiastes de ce qu’ils voient chez nos ennemis, croient faire un effort de raison en proposant d’imiter, comme des choses avantageuses, les vices mêmes inhérens au climat, aux productions, et aux localités étrangères !

Nos voisins, plus justes appréciateurs, en cela, que nous-mêmes, seroient bien satisfaits qu’on leur permît d’amener de France des animaux de plusieurs de nos races. Les qualités de nos chevaux nous semblent donc mériter qu’on ne dédaigne pas d’en procréer de leur espèce. Nous pensons même qu’on ne doit pas croiser nos races entre elles, mais les conserver, les épurer séparément, sans cependant exclure quelques expériences peu nombreuses.

Les variétés qu’offre le climat de la France, et les productions déjà très bonnes qu’il fournit, garantissent de celles qu’on peut obtenir pour tous les services.

Mais la nature qui multiplie quelquefois d’elle-même, ne peut produire seule une amélioration rapide. Pour réussir, il faut saisir la méthode convenable, rassembler les individus qui ont déjà des perfections, et chercher, en les combinant, les meilleurs résultats.

Dans l’exécution, il faut débuter par une exactitude rigoureuse, répudier les êtres frêles, disproportionnés, sans vigueur, sans caractère ; dédaigner le médiocre qui amuseroit nos pas, et chercher les vraies