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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/378

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dans la mue ceux qu’on veut tuer ; cela effaroucheroit les autres et pourroit même les faire périr de mélancolie ; mais on ouvre une communication qui donne, de la mue, dans une chambre éclairée. Les oiseaux se portent du côté du jour, passent la porte, et, lorsqu’il en est entré le nombre qu’on désire, on laisse retomber la trappe qui sert de communication. Il est encore à propos de n’en pas mettre en mue une trop grande quantité à la fois ; au bout de très-peu de jours, qu’ils seroient parvenus à l’état d’embonpoint qui leur convient, ils mourroient de trop de graisse, ce qui cependant n’empêche pas de les manger de suite. Un ortolan engraissé pèse jusqu’à quatre onces ; maigre, il en pèse à peine une. L’excellence de ce manger consiste à conserver cette graisse savoureuse ; et, pour cela, il faut les faire cuire au bain-marie, ou au bain de sable ou de cendre, et même dans des coques d’œufs, comme autrefois, à Rome, on cuisoit les bec figues dans des œufs de paon.

L’ortolan, tué et plumé, s’emballe dans des mallettes remplies de millet, et s’envoie très-loin par la poste. À Rome, on les couvre de farine, et on les range dans des boîtes pour les faire voyager.

Chasse aux ortolans. Les Provençaux les chassent au fusil, comme les becfigues, au moyen de l’arbret. (Voyez Becfigue.) Ils nourrissent des ortolans toute l’année, pour servir d’appelans ; au défaut de ceux-ci, les bruants, avec lesquels les ortolans ont de l’analogie, les verdiers, les becfigues, les linottes, les pinsons, peuvent servir d’appelans ; avec le même moyen, on les attire autour de gluaux, ou sous des filets, ou des trébuchets. Dans ce dernier cas, on élève au bout d’un grand bâton ou perche, une petite cage où est enfermé un ortolan ; au pied de la perche, on tend une quantité de trébuchets ; on sème du grain sous les pièges, et on y ramasse bon nombre de prisonniers. On tend aussi, avec beaucoup de succès, pour les ortolans, les nappes décrites dans l’article Alouette ; mais le filet doit être plus léger et la maille plus petite. Autour des nappes, on élève, sur des piquets ou petites fourches hautes d’un pied à un pied et demi, des cages renfermant des appelans, et recouvertes de quelques feuillages. Entre les nappes, on répand un peu de grain, et on attache des Moquettes (Voyez ce mot) à une petite verge longue d’un pied et demi, et que l’on agite, du fond de la loge où est le nappiste, au moyen d’une ficelle. D’autres attachent la moquette au moyen d’un petit harnois de ruban qui lui embrasse le corps, ainsi qu’on enchaîne les chardonnerets à la galère, et l’arrêtent à un piquet autour duquel elle a la liberté d’aller, venir et voltiger. On enfonce en terre, à la portée de cet oiseau, de petits vases de fer-blanc, en forme d’entonnoir, mais fermés par le bout, et on y met à boire et à manger. Pour porter au champ tout cet attirail, les chasseurs, bien approvisionnés, ont un grand panier d’environ trois pieds de haut, fermé, et qui se porte sur le dos comme une hotte ; autour du panier, en dehors, sont attachées des pochettes de toile, pour recevoir et serrer les ustensiles qui n’entrent pas dans la hotte. Il faut tendre avant le soleil levé, choisir une place nette, éloignée des arbres et buissons ; cependant le voisinage des vignes est, en général, un endroit favorable, ainsi que les champs couverts d’avoine. (S.)


OUTARDE, (Grande) Otis tarda Lin. oiseau du genre de son nom, dans l’ordre des gallinacées, dont les caractères sont décrits à l’article de la Caille.

Caractères génériques : Le dessus du bec en voûte, et les narines en ovale ; les pieds propres à la course, et