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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/421

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Deux espèces de ce genre sont principalement répandues dans notre Europe, la perdrix grise et la perdrix rouge. La première (perdix cinerea Lath. — Tetrao perdix Lin.) a le devant et les côtés de la tête, ainsi que la gorge, d’un roux clair ; des traits jaunâtres sur le fond brun, teinté de roux du dessus de la tête, d’autres cendrés, noirs et roux sur le corps, dont le dessous est bleuâtre, à l’exception du bas ventre, qui est d’un blanc mêlé de jaune ; les ailes brunes, avec des bandes transversales de blanc roussâtre ; le bec et les pieds d’un cendré bleuâtre ; une peau nue couverte de papilles couleur de sang entoure les yeux, et une tache de couleur marron, en forme de croissant, couvre la poitrine des mâles et des vieilles femelles, que l’on distingue néanmoins en ce qu’elles portent ce croissant moins grand que celui des mâles : ceux-ci ont d’ailleurs aux pieds un ergot obtus, qui manque aux femelles.

C’est à cette dernière marque que l’on distingue également le mâle de la seconde espèce, la perdrix rouge (perdix rufa Lath. — Tetrao rufus Lin.) Il n’y a rien de rouge sur cet oiseau, hors le bec, les yeux et les pattes ; du reste, sa gorge est blanche et entourée d’une espèce de collier noir ; une bande blanche ceint la tête ; les plumes du cou portent des taches noires ; un gris brun assez foncé orne le dessus du corps, et une jolie nuance cendrée recouvre la poitrine.

Les perdrix grises, bien plus sociables que les rouges, se trouvent dans toute la France, et y offrent quelques variétés en général accidentelles.

Les premières aiment les pays à blé, les plaines, et ne se réfugient dans les bois ou les vignes que quand elles sont rebattues et forcées, ou qu’elles fuient l’oiseau de proie. Ces oiseaux s’apparient à la fin de l’hiver, plus tôt ou plus tard, selon les températures. Les coqs se disputent les femelles avec acharnement, et leur trop grand nombre dans un pays est même nuisible à la ponte, soit qu’ils cassent les œufs, soit qu’ils ne laissent pas le temps à la femelle de nicher et de couver. Les nids sont posés sans trop de soin au bord des blés et des prairies, ce qui contribue aussi à diminuer l’espèce, tant parce qu’ils sont aisément découverts des chiens, des bêtes, des oiseaux de rapine et des bergers, que parce que les pluies détruisent souvent les œufs, ou les petits. Quand une poule perdrix est privée de ses œufs, il est ordinaire qu’elle s’occupe d’une seconde ponte, qu’on appelle, en terme de chasse, recoquage. Les petits qui en proviennent atteignent leur accroissement plus tard que ceux des premières couvées.

On élève avec succès les perdrix grises en domesticité, en donnant les œufs à des poules bonnes couveuses. Les petits qui en naissent sont nourris, s’il est possible, comme dans l’état de nature, avec des œufs de fourmi, et, à leur défaut, avec de la mie de pain, des œufs cuits durs et hachés, et du millet. Si on vouloit retenir les perdreaux en domesticité, il ne faudroit pas chercher des œufs dans le voisinage de l’endroit où on voudroit les conserver ; car on assure que, bien que couvés par une poule, ces perdreaux reconnoîtroient bientôt l’accent de leur véritable mère, et s’envoleroient. Pour prévenir d’ailleurs cet inconvénient, on leur arrache deux des plus fortes plumes des ailes, et on coupe l’extrémité des autres. On les fait aussi se mêler petit à petit, et sous la garde de leur mère couveuse, avec les poules de la basse-cour. En leur donnant pour demeure un enclos ou verger distribué avec soin, garni de broussailles et de bosquets, et leur distribuant la nourriture à des heures réglées, ces oiseaux