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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/429

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qu’ils font en bandes très-nombreuses, on peut tirer dessus sans crainte pour les femelles ; s’il s’en trouvoit quelqu’une, ce seroit une vieille et qui ne pondroit plus.

Le filet dans lequel on attire les coqs de perdrix rouges, s’appelle bourse ou (pochette. C’est une petite nappe carrée, longue, faite d’un fil en trois, grosseur de fil de Bretagne, teinte en vert ou en brun (le vert est d’un usage plus général.) Pour fabriquer cette nappe, dont la maille est en losange, on se sert d’un moule de douze lignes de diamètre ; on fait trente mailles à la levure, et on donne au filet quatre pieds de long. On le ramasse alors à chaque bout, selon la largeur ; on renoue chaque extrémité que l’on termine par une boucle du diamètre du petit doigt, et on la fortifie en faisant faire plusieurs révolutions à une ficelle autour des branches de cette boucle. On pourroit, pour plus de simplicité, attacher en cet endroit un anneau moyen, de ceux qui servent à suspendre les rideaux. On conçoit que le filet ainsi plissé et noué à ses deux bouts, présente la forme d’une espèce de sacoche longue et ouverte de bout en bout. Pour achever de monter ce filet, on passe deux cordonnets de quatre pieds chacun, de bout en bout, dans les mailles de chaque lisière, observant d’en fixer un, par exemple, au bout à droite, et de faire sortir son extrémité après en avoir enfilé les mailles de la première lisière, par l’anneau du bout opposé, et au contraire d’attacher l’autre cordonnet à ce même dernier bout, et, enfilant de même les mailles de l’autre lisière, de le faire sortir par l’anneau placé à gauche, à l’autre extrémité. Par là, si l’on tire ces deux cordonnets par le bout qui sort de chaque anneau, on fronce et ferme sur eux le filet, et on produit le même effet que celui qui résulte du serrement des cordons d’une bourse, d’où ce filet a pris ce nom. Son usage est aussi simple que sûr. Les mâles rouges qui sont, comme je l’ai dit, de bons piétons, se jettent dans les sentiers plutôt que dans les champs, pour poursuivre leurs femelles. D’après cela, on se rend à l’heure des deux crépuscules, et quelquefois aussi à midi, selon que l’on entend chanter le mâle, sur le terrain propre à cette espèce de chasse. On se munit d’une petite baguette souple, qu’on puisse piquer en arçon ou demi cercle, par le travers d’un sentier. Cette baguette doit avoir assez de longueur pour que la porte qu’elle forme ait un pied environ d’élévation verticale au sommet de la courbure. On noue au pied du bâton, et rez terre, les deux extrémités du cordonnet qui sortent des deux boucles décrites ci-dessus. On étend une lisière du filet à plate terre, dans l’entre-deux de l’arçon, et on pose légèrement l’autre lisière sur sa courbure : par là, le filet se trouve étendu comme une haie par le travers du chemin. Il faut que les bords de ce chemin soient hérissés de quelques buissons ou souches propres à cacher le chasseur. Il se tapit derrière, et, avançant sa tête dans le sentier, il donne quelques petits coups d’appeau. Dès que le mâle l’entend, il accourt avec la plus vive ardeur. Si l’on se trouvoit entre lui et le filet, il faudroit passer doucement et subtilement de l’autre côté, afin que le filet fût toujours entre la perdrix et l’appeau. Arrivé près du chasseur, le coq chante et cherche la femelle ; on lui répond d’un seul coup, et ce seul cri suffit d’ordinaire pour le faire continuer son chemin. Arrivé au filet, il s’arrête quelquefois, mais bientôt il s’y précipite, et, courant, il en emporte le milieu, tandis que les extrémités se serrent derrière lui au moyen des cordons. On peut continuer cette chasse dans le même lieu. La saison dure depuis le mois d’avril jusque fort avant dans l’été.

La perdrix rouge est infiniment plus