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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/47

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même que celui indiqué pour les paupières, dans la Fluxion périodique. (Voyez ce mot.)

Outre le mode de cautérisation commun à toutes les tumeurs farcineuses, les cordes à chapelet, qui exigent de grandes raies pour les circonscrire dans toute leur étendue, doivent encore recevoir, dans l’intervalle, des boutons de feu ou des raies de cautérisation.

Les pansemens subséquens qu’on doit employer, tant sur les parties cautérisées que sur les ulcères résultant de l’extirpation des boutons et des cordes de farcin, sont très-simples : il ne faut point y appliquer d’onguent : quel qu’il soit, il bouche les pores de la peau, et s’oppose à la transpiration, qu’il est si important de favoriser. Les parties cautérisées n’ont besoin que d’être tenues très-propres, et lorsque la suppuration sera établie, les parties ulcérées ne demandent que d’être recouvertes d’étoupes hachées ou réduites en poudre ; lorsque ces étoupes sont humectées par la suppuration, on les enlève, on déterge les ulcères avec une éponge légèrement imbibée d’eau tiède, et on les recouvre de nouvelles étoupes hachées ; ce renouvellement doit être d’autant plus fréquent, que la suppuration est plus abondante. L’objet essentiel est d’éviter que la matière formée ne puisse séjourner sur la partie, et encore plus sur les parties environnantes, ce qui oblige à panser l’animal plusieurs fois dans la journée ; mais il importe de ne pas rendre ces pansemens douloureux, et d’éviter de faire saigner les ulcères.

Quant aux tumeurs enfoncées, il ne faut pas en attendre la suppuration ; elles contractent plutôt des adhérences avec les parties voisines, et deviennent par-là très-difficiles à extraire ; il vaut infiniment mieux les extirper le plus tôt qu’il est possible. Cette opération exige des connoissances et de la dextérité, attendu qu’elle doit être exécutée sans faire d’insulte grave aux vaisseaux, aux nerfs, aux capsules articulaires, etc., etc.

Cependant, s’il arrivoit que l’artiste, pour ménager des parties essentielles, ou par d’autres considérations qui auroient pour objet l’avantage de l’animal, se déterminât à ne point emporter entièrement la tumeur, il devroit appliquer sur la portion restante des boutons de feu assez multipliés et assez répétés pour y exciter une suppuration suffisante.

Le pansement sera le même que celui précédemment indiqué.

Nous avons quelquefois observé que le feu, de même que les substances caustiques, avoit augmenté la dureté la tuméfaction de la peau, soit qu’on n’eût pas cautérisé assez fort, soit que le cautère eut agi avec un excès de violence : c’est pourquoi il faut en bien mesurer le degré, et même préparer la partie.

Le cautère seul est souvent insuffisant pour la cure des ulcères farcineux ; il vaut mieux en disséquer même la base, et extirper leurs bords tuméfiés.

Dans les ulcères et dans les tumeurs qui sont de la nature du farcin, on trouve souvent le tissu infiltré d’une grosseur considérable, et ayant un aspect carcinomateux, même en quelque sorte cartilagineux ; la seule ressource, dans ce cas, est encore l’extirpation ; plus elle est complète, et plus la cure est prompte. La peau se cicatrise très-difficilement alors, à moins qu’une compression constante ne la tienne adaptée aux parties auxquelles elle doit se réunir. Si nous la ménageons dans d’autres circonstances, nous ns pouvons, pour celle-ci, donner d’autre conseil que de couper à plat les bords, les bourrelets qui rendent la partie difforme et la cicatrice très-difficile.

Nous avons fait remarquer que de nouvelles éruptions farineuses peuvent attaquer d’autres parties, quelquefois plus intéressantes que celles qu’on a traitées, et que ces éruptions sont opiniâtres et ordinairement plus graves que celles qu’on vient de guérir. Cette nouvelle éruption sera empêchée en passant aux fesses, au poitrail ou à l’encolure, suivant les cas, deux, trois ou quatre sétons, dont le trajet, sous la peau, ait deux décimètres ou un pied de longueur.

Ces sétons seront aux deux faces de l’encolure, si le farcin se manifestoit à la tête, et surtout dans le voisinage de la membrane du nez, pour éviter que la morve ne vienne à y développer son appareil formidable.

Traitement intérieur et général. Notre objet, ainsi que nous l’avons annoncé, sera rempli en stimulant avec mesure l’économie en général, et en excitant particulièrement l’attention de l’organe cutané.

L’antimoine diaphorétique non lavé, (oxide d’antimoine blanc par le nitre) peut remplir cette indication.

Ou bien, prenez gomme ammoniaque et tartre vitriolé (sulfate de potasse) de chaque une once ; triturez ces deux substances dans un mortier, et lorsqu’elles sont en poudre, dissolvez-les, en versant peu à peu, pendant que l’on continue de faire agir le pilon, un demi-litre de décoction de saponaire bouillante.

Le mélange étant bien fait, et devenu tiède, faites prendre à jeun et doucement, en une