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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/490

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de cloisons, afin que le plâtre, réduit en poussière, ne se répande pas de toute part. L’ouvrier reste en dehors de cette enceinte, et il travaille au dessus d’une cloison qui, dans cette partie, n’est élevée qu’à hauteur d’appui : le plâtre qui n’a pas passé à travers le tamis se rapporte sous la meule, afin d’être broyé de nouveau.

Les fours pour la combustion du plâtre se construisent sur les mêmes principes que les fours à chaux. On peut aussi faire brûler le plâtre, sans être obligé de construire un four à ce dessein. C’est le parti que l’on doit prendre dans toutes les circonstances ou la consommation de cette substance est momentanée, ou peu considérable.

On forme, à cet effet, sur le sol, et en plein air, un monceau composé de couches alternatives de pierres, de plâtre et de bois. On a soin de construire, avec les plus grosses pierres, une petite voûte qui divise en croix la base du monceau, et qui sert à l’introduction de l’air, et a sa libre circulation dans toutes les parties de la masse. On place les plus grosses pierres au centre, et les petites à la circonférence, ou à la partie supérieure. Le bois qu’on met vers le sommet doit être coupé menu, et être disposé en couches moins épaisses que dans les autres parties. On forme des monceaux ronds ou carrés, auxquels on donne une dimension proportionnée à la quantité de pierre, qu’on se propose de brûler : ils doivent avoir un plus grand diamètre à la base qu’au sommet. Lorsqu’on a mis le feu, et que le plâtre est bien brûlé, on le laisse refroidir, et on le retire ensuite, pour le mettre à couvert dans un lieu qui ne soit pas humide ; ou bien on couvre le monceau avec de la paille, afin qu’il soit abrité contre la pluie. Lorsqu’on transporte le plâtre, on doit choisir un jour serein, car il perdroit de ses qualités, s’il venoit à être mouillé.

La cuisson du plâtre doit être dirigée avec soin. Si on la pousse trop loin, il se brûle ; ses parties ne sont plus susceptibles de s’unir avec l’eau, et l’amalgame qui en résulte acquiert peu d’adhérence et de solidité. Les mêmes inconvéniens résultent d’une cuisson insuffisante.

Il est bon de broyer le plâtre aussitôt qu’il est cuit, et de l’employer, sans retard, aux usages auxquels on le destine : il n’a pas alors le temps de s’imprégner de l’humidité de l’air, et de perdre ses qualités.

La quantité d’eau que l’on doit mettre dans le plâtre n’est pas arbitraire. On peut fixer, pour règle générale, deux parties de plâtre sur une d’eau ; mais ces doses varient selon les qualités du plâtre, ou selon les ouvrages auxquels on le destine. Le plâtre qui doit être moulé exige une plus grande quantité d’eau ; car il est nécessaire qu’il ait, dans ce cas, une certaine liquidité, afin de pénétrer dans les creux, et les parties les plus déliées du moule. Lorsqu’on le gâche, il faut assez d’eau pour que toutes ses parties soient bien imbibées ; s’il étoit trop délayé, la dessiccation seroit moins prompte, ses parties auroient moins d’adhésion, et il seroit plus facilement attaqué par l’humidité, ou les gaz répandus dans l’atmosphère. On ne doit, en un mot, l’humecter qu’autant qu’il est nécessaire, pour qu’il soit facilement gâché, et pour qu’il n’ait pas le temps de se durcir avant d’être employé et façonné.

Nous allons considérer le plâtre comme une substance minérale, propre à l’engrais des terres.

On a écrit que Mayer, ministre de Kupferzell, étoit le premier qui eût employé le plâtre comme un moyen favorable à la végétation. C’est une erreur qui a été répétée par plusieurs écrivains agronomes. L’usage du plâtre, en agriculture, étoit connu dans plusieurs