Aller au contenu

Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/491

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

endroits, avant l’époque où Mayer a écrit sur ce sujet ; mais on lui est redevable d’un grand nombre d’expériences, qui ont confirmé ce fait, et qui ont excité l’attention des cultivateurs. C’est rendre un grand service à l’agriculture, d’accréditer, par son exemple, les bonnes méthodes, et de les propager par ses écrits.

L’usage du plâtre s’est répandu, dans un grand nombre d’endroits, depuis 1760, époque à laquelle Mayer a publié ses expériences. On l’emploie aujourd’hui sur divers points de l’Allemagne, de la Suisse, de l’Italie, de l’Angleterre, de l’Amérique septentrionale, et de la France. L’Alsace, la Brie, les environs de Grenoble, de Lyon, d’Apt, ceux de Paris, etc., sont les parties de la France où l’on en fait le plus d’usage. Il n’est cependant qu’un très-petit nombre de cultivateurs aux environs de Paris, qui cherchent à améliorer leurs récoltes par le moyen du plâtre. Cette négligence est d’autant plus incroyable, qu’il n’existe pas un lieu où l’on trouve sur une aussi petite surface, une quantité de plâtre aussi considérable que dans le département de la Seine. Les Anglais et les Américains tirent le plâtre de Paris pour l’engrais de leurs terres, tandis que les cultivateurs dont les propriétés touchent les murs de cette capitale n’en font presque aucun usage.

Les chimistes trouvent, par l’analyse, des qualités distinctes dans différentes espèces de plâtres. Les agriculteurs, au contraire, ont remarqué très-peu de différence entre les propriétés d’une espèce, comparativement avec celles d’une autre, entre les pierres à plâtre qui se trouvent dans tel ou tel pays. Ainsi, on a observé en Amérique, que le plâtre de Paris produit des effets analogues à ceux du plâtre d’Amérique. Nous conseillerons cependant de choisir de préférence celui qui est blanc ou gris. Lorsqu’il est fortement coloré en rouge ou en noir, c’est une preuve qu’il est combiné avec une certaine quantité d’oxide de fer ; et, dans cet état, il peut être moins favorable à la végétation. La couleur rousge du plâtre peut cependant tenir a d’autres causes : dans ce cas, il faudroit préférer le plâtre coloré au plâtre blanc ; car la réverbération que les rayons du soleil éprouvent en tombant sur les corps blancs, occasionne un degré de chaleur qui nuit, dans beaucoup de circonstances, à l’économie végétale.

Les Américains emploient un moyen très-simple pour éprouver le plâtre ; ils en réduisent en poudre une petite quantité qu’ils mettent dans un vaisseau ouvert ; ils lui font subir ainsi l’action du feu. Si le plâtre répand une forte odeur de soufre, c’est une preuve qu’il est de bonne qualité ; si, au contraire, l’odeur qui en émane est foible et peu sensible, on présume qu’il n’a pas une grande activité.

De toutes les substances minérales employées comme engrais, le plâtre est une de celles qui s’adaptent le mieux à toute espèce de climat et de terrain ; elle produit cependant des effets plus marqués dans les uns que dans les autres, ainsi que nous l’exposerons plus bas.

Elle a en outre le précieux avantage d’agir plus puissamment que ces mêmes substances ; et même, dans plusieurs circonstances, elle donne à la végétation plus d’activité que ne font les fumiers d’animaux ; du moins, c’est une observation qui a été faite par quelques agriculteurs.

Les bons effets du plâtre ne sont pas encore constatés d’une manière assez exacte, pour qu’on puisse donner des règles positives sur son emploi ; c’est un des points de l’agriculture sur lesquels les opinions varient le plus. Plusieurs cultivateurs ont obtenu, par le secours de cette substance, des récoltes très-abondantes de trèfle, de foin, de légumes, etc. ; tandis que d’autres disent n’en avoir éprouvé