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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/494

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aussi avec beaucoup d’activité sur les prairies composées de graminées, sur les luzernes et les sainfoins, sur les plantes tendres, juteuses, et sur celles qui poussent vigoureusement après une première coupe. Le plâtre convient aussi aux plantes légumineuses, comme pois, lentilles, etc. ; mais il doit être répandu avec modération sur ces dernières ; car une trop grande quantité les fait pousser et fleurir trop promptement. Il paroît qu’il n’est pas aussi constamment favorable aux plantes céréales. Cependant plusieurs cultivateurs s’accordent à dire que le plâtre leur a réussi sur les champs ensemencés en blé, tels que le froment, le seigle, l’orge, l’avoine, le blé noir, ainsi que sur le maïs, le lin, le chanvre, le colza, les pois, les raves, les choux, les pommes de terre, les arbres fruitiers, etc.

Il paroît que le plâtre agit sur les plantes, en raison de ce que leurs racines s’éloignent moins de la superficie du sol. Cet effet s’explique facilement : en supposant, ainsi qu’il paroît très-vraisemblable, que le plâtre s’empare des élémens propres à la végétation, disséminés dans l’atmosphère, et qu’il les transmet au sol sur lequel on l’a répandu, les racines s’en saisissent alors avec d’autant plus de facilité et de promptitude, qu’elles sont situées à une moindre distance du plâtre. C’est par la même raison qu’on obtient des effets bien plus sensibles, lorsqu’on le répand sur les feuilles ou sur les tiges des plantes, que lorsqu’on le dissémine sur la superficie du sol.

Les anciens, qui ne connoissoient pas l’usage du plâtre, avoient cependant fait des observations, d’après lesquelles ils avoient été conduits à saupoudrer avec de la poussière les arbres et les fruits, afin d’aider à la végétation, et d’en accélérer les progrès. Les personnes qui désireront de plus amples renseignemens sur cet objet, pourront consulter à ce sujet Théophraste, Hist. Plant., liv. 2, ch. 8. Pline, liv. 17, chap. 9 et 22. Géoponic, liv. 3, ch. 10 et 11. Columelle, liv. 4, ch. 28, et lit. 11, ch. 2. Idem, de Arbor, ch. 12. Eben-el-Awan, auteur arabe, dont nom avons parlé à l’article Engrais, fait aussi mention de cette pratique, dans plusieurs passages de son Traité d’agriculture.

Les observations des anciens nous portent à croire que la terre ordinaire, réduite en poussière, seroit susceptible de produire à peu près les mêmes effets que le plâtre. Quoi qu’il en soit, il paroît que cette substance agit plus fortement sur des plantes très-rapprochées les unes des autres, que sur celles qui sont plantées à une certaine distance ; sur la superficie du sol, que dans l’intérieur ; par un temps humide, que lorsque l’atmosphère est sèche et brûlante, et qu’il est enfin plus avantageux de la répandre en petite quantité sur les terrains argileux.

On ne doit pas employer le plâtre, lorsque la terre ou les plantes sont imbues d’une trop grande quantité d’eau ; car il s’empare alors d’une humidité surabondante, et il n’a plus la faculté d’absorber aussi facilement les gaz de l’atmosphère. C’est pour cette raison qu’on évite d’arroser les prairies sur lesquelles on a récemment disséminé du plâtre, et qu’on ne le répand sur les prairies humides, qu’après avoir récolté la première coupe.

Le temps le plus favorable au gypsage, c’est lorsque l’atmosphère et la terre ne sont ni trop humides, ni trop sèches ; lorsque les plantes ont commencé à pousser, ou qu’elles sont élevées de quelques pouces au dessus du sol. On peut faire cette opération dans toutes les saisons, lorsque les autres circonstances sont d’ailleurs favorables. Il faut cependant en excepter l’hiver, lorsque toute végétation est interrompue. Si l’on sème