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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/495

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du trèfle, ou les plantes propres aux prairies artificielles, parmi l’avoine ou les autres céréales, on pourra gypser le champ aussitôt après la récolte. Cet engrais favorisera la végétation, donnera de l’extension aux racines, et procurera des coupes plus abondantes pour les années suivantes. Quelques cultivateurs trouvent de l’avantage à gypser les prairies artificielles après la première coupe, dans le cas même où elles auroient reçu cet engrais avant l’hiver, ou même au commencement du printemps : on doit alors répandre chaque fois une moindre quantité de plâtre.

Si le climat et le sol sur lequel on veut faire usage de cet engrais sont secs, chauds et arides, on exécutera l’opération de bonne heure au printemps, avant que la terre ou l’air aient perdu l’humidité abondante dont ils sont imprégnés au commencement de cette saison.

On doit choisir, autant qu’il est possible, l’instant où le ciel est couvert de nuages, celui qui succède à une pluie douce et légère ; on retardera, au contraire, l’opération, si l’on présume qu’une pluie violente doive avoir lieu. Les averses ou les pluies continues délaient le plâtre qui s’est fixé sur les tiges et sur les feuilles des plantes ; elles l’entraînent à la superficie, ou même dans l’intérieur du sol, et l’on perd alors une partie des effets qu’on auroit obtenus. Si le soleil vient à frapper les plantes couvertes de gypse, il les dessèche et les brûle par la chaleur immédiate de ses rayons, ou par celle qui résulte de leur réverbération.

On choisira, pour répandre le plâtre, un temps calme et tranquille. Si le vent étoit trop fort, il disperseroit inégalement, sur la surface du champ, cette substance réduite en poudre légère : elle tomberoit aux pieds des plantes, sans s’attacher aux feuilles ni aux tiges, et elle ne produiroit pas l’effet dont elle est susceptible, lorsqu’elle est répartie également sur toute la superficie des plantes.

Il est difficile de déterminer, d’une manière précise, la quantité de plâtre qui doit être répandue sur une superficie de terrain donnée. On a vu, par ce qui a été dit dans le cours de cet article, que la quantité devoit varier d’après la nature du sol, le genre de culture, la saison dans laquelle on l’emploie, les effets plus ou moins durables qu’on veut obtenir, la crudité, la cuisson et la pulvérisation plus ou moins grande de cette substance, etc. On peut donner pour règle générale, qu’il suffit de répandre, par arpent, vingt sacs, tels qu’on a coutume de les vendre aux environs de Paris ; chaque sac étant du poids de cinquante livres, on mettra donc, par arpent, mille livres de plâtre cuit.

Nous ne devons pas oublier, dans un article où il a été traité du plâtre comme engrais, de mentionner une substance qui est très-abondante dans les lieux où le plâtre est employé aux constructions, et dont les effets sur la végétation sont extrêmement sensibles.

Nous voulons parler des plâtras ou débris des murailles qui ont été construites ou revêtues en plâtre.

Ces matières sont ordinairement jetées le long des routes ou sur des places vagues, et forment des encombrement d’ordures au lieu d’être employées à leur vraie destination, celle de féconder les champs. Un cultivateur soigneux, qui sait que les engrais sont le nerf de l’agriculture, ramassera les plâtras dont il pourra disposer ; il les fera concasser avec des massues, et les répandra sur ses champs. Leur effet est toujours assuré, quelle que soit la qualité de la terre sur laquelle on les emploie ; ils conviennent aux plantes céréales, aux légumes et aux prairies naturelles et artificielles. Si on