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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/51

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doigt ; ce qui fait incliner sa pointe vers le côté par où on lui présente le fil, en la forçant de sortir hors du plan du châssis, au milieu duquel elle se trouve naturellement encadrée. Les faces, côtés et arêtes de l’aiguille, doivent être bien lisses, pour ne pas accrocher le fil.

Le moule ou second instrument du laceur est un morceau de bois plus ordinairement cylindrique, de quelque bois léger, et susceptible d’un grand poli : on en fait de saule. La longueur commune est d’un demi-pied, et moins. Le diamètre est en proportion de celui qu’on veut donner à la maille. Pour les filets de pêche, on prend des moules de douze, dix, huit et sept lignes de diamètre. En général, l’ouverture de la maille est égale au tour du moule ; et le quart de ce tour donne la longueur d’un des côtés de la maille. Je suppose, par exemple, qu’on veuille une maille d’un pouce en carré, c’est-à-dire dont chacun des fils qui en forment les côtés ait un pouce de long ; on prendra un moule de seize lignes de diamètre : la circonférence ou le tour est à peu près le triple de ce diamètre, ce qui donne quarante-huit lignes, dont le quart est douze et ce sera la dimension des côtés de la maille faite sur ce moule ; ou autrement, le nombre exprimant les lignes de l’étendue du diamètre d’un moule, diminué de son quart, donnera l’étendue des côtés de la maille. Si l’on vouloit augmenter cette maille sans changer de moule, on feroit deux tours de fil, au lieu d’un, autour de ce moule. On peut aussi se servir, au lieu d’un cylindre, d’une règle ou morceau de bois plat et long. Lors même qu’il est question de faire de très grandes mailles, comme dans les filets destinés aux gros poissons, on prend quelque planchette large, telles que les douves d’un tonneau, qui ont depuis six jusqu’à neuf pouces de face. On sent que leur pourtour ou l’ensemble étendue des deux faces donne la longueur des côtés des mailles, c’est-à-dire qu’elles ont depuis un pied jusqu’à un pied et demi d’ouverture.

Le valet d’un faiseur de filets est une règle ou tringle de bois d’une longueur indéterminée, que l’on suspend par son milieu après un mur, au moyen d’un clou et d’un cordon. Chaque extrémité de cette pièce de bois est armée d’un clou à crochet. On passe une maille dans chacun de ces clous, et cet appareil sert à tenir étendue une certaine portion du filet.

On a enfin souvent besoin de ciseaux ; on les prend un peu forts, et d’ordinaire camards, c’est-à-dire arrondis des deux branches, pour pouvoir se porter dans la poche, sans crainte de se blesser.

Après les instrumens de la fabrication des filets, il est bon d’en connoître la matière. C’est le fil et le cordonnet, ou la ficelle. La qualité des fils qui servent à la plus grande partie des filets, est désignée dans le commerce sous le nom de fil en trois. Il y en a de grosseurs très variées que l’on distingue aussi par un numéro. Tous ces fils ne doivent pas être trop tors. On se sert pour certaines pêches et certaines chasses, de rets faits avec du cordonnet ou de la ficelle : ce cordonnet doit être tors à l’envers, c’est-à-dire d’un sens opposé à celui où l’on tord les ficelles ordinaires. Le but de cette précaution est d’empêcher le cordonnet de se replier en spirale sur lui-même dans le travail de la fabrication, ainsi que de se tortiller lorsque le filet va à l’eau.

On fait, sur-tout pour des chasses aux oiseaux, des filets de fil de soie : avec cette matière, on peut réunir, dans une très-grande étendue de filet, la force et la légèreté.

Voilà les premiers élémens de tout filet : sa fabrication résulte de leur emploi. Le premier pas à faire est de former des mailles, le second de les poursuivre de