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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/555

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verdâtre, et ses côtés, aussi bien que son ventre, sont argentins ; ses écailles sont larges ; une rangée de dents aplaties et courbées vers leur pointe, garnit ses mâchoires.

C’est un poisson commun dans les lacs et les rivières ; il aime les eaux claires et les fonds sablonneux ; sa nourriture se compose d’herbages, de vers et d’insectes aquatiques ; il ne pèse guères plus d’une livre ou d’une livre et demie ; son frai a ordinairement lieu vers la mi-mai. L’on peut juger de la fécondité de cette espèce par la quantité d’œufs que M. Bloch a trouvée dans l’ovaire d’une femelle, et qui se portoit à 84 570. Ces œufs sont verdâtres, et ils prennent, en cuisant, une couleur rouge.

La chair de la rosse est blanche, même délicate, mais elle est remplie d’arêtes fort incommodes, sur-tout quand ce poisson est petit. Les pêcheurs le regardent comme le plus rusé de tous les poissons de nos contrées ; en effet, il se tient caché dans le fond des eaux, tant qu’il entend du bruit sur la rive ou sur l’eau.

Pêche de la rosse. Les couleurs brillantes de la rosse offriroient beaucoup de facilité à la prendre, si, comme je viens de le dire, un naturel défiant, apanage de la foiblesse, ne la tenoit continuellement en garde contre toute surprise, Aussi l’on fait rarement des prises copieuses de cette espèce, si ce n’est au temps du frai, où les rosses se rassemblent et voyagent en troupes qui se succèdent et se suivent.

Le coleret, la senne, et d’autres filets servent à pêcher ces poissons ; ils mordent aussi à l’hameçon que l’on amorce avec un ver. (S.)


ROUGE-GORGE, (Sylvia rubecula. Lin. et Lath.) petit oiseau du genre, de la famille et de l’ordre des passereaux. (Voyez, pour les caractères génériques, l’article Becfigue, et pour ceux des passereaux, l’article Étourneau.) « C’est mal fait, dit Belon, de le nommer rouge-gorge ; car ce que nous lui pensons rouge en la poitrine est orangé, couleur qui lui prend depuis les deux côtés du dessous de son bec, qui est gresle, délié et noir, et par le dessous des deux contours des yeux, lui répond par le dessous de la gorge jusqu’à l’estomac. » Le ventre est blanc, et les plumes qui couvrent les parties supérieures sont d’un gris brun tenant de l’olive.

Le nid du rouge-gorge est toujours au bas des jeunes arbres et près de terre ; de la mousse, des feuilles, du crin, en forment le tissu, et une couche de plumes en garnit le fond à l’intérieur. Sur ce lit chaud et douillet reposent de cinq à sept petits œufs d’un brun clair, et tachés de rougeâtre.

Bien que le rouge-gorge aime la solitude, qu’il voyage seul, et évite même ceux de son espèce, dans le temps des amours, il présente cependant un mélange singulier de familiarité et de sociabilité. Il approche les hommes qui parcourent les forêts, et voltige autour d’eux. L’hiver l’attire jusqu’au sein des habitations où il vient chercher sa nourriture ; mais, au printemps, les bois les plus épais deviennent sa demeure favorite. Il aime beaucoup aussi l’humidité et le voisinage des eaux. La Lorraine, la Bourgogne, les Ardennes, sont les contrées où ces oiseaux sont les plus nombreux et les plus délicats, sans doute parce qu’ils y trouvent, plus qu’ailleurs, ceux des fruits dont l’usage est le plus propre à leur communiquer la saveur qui les fait estimer.

Chasse du rouge-gorge. La chasse des rouge-gorges est un amusement et même un métier fort en vogue pendant l’arrière-saison, dans les parties orientales de la France ; l’on y fait des envois de ce gibier jusqu’à Paris ; mais ce voyage