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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/574

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est en outre fondée sur ce que la même culture se pratique de nos jours dans quelques parties des pays orientaux. « À Jeni-Capi, près de Diarbekir, (dit Sestini, dans son Voyage de Constantinople à Bassora, pag 107) les rives du Tygre sont argileuses. Non loin du bord nous vîmes plusieurs fossés carrés et profonds d’une brasse, à une des extrémités desquels croissent des concombres et des melons. Les fruits en sont d’une grosseur prodigieuse. »

Ce passage prouve de plus, qu’il y a de grands avantages à établir la culture des navazos, même dans les terrains argileux, sur-tout dans les pays secs et chauds. On rapproche ainsi les plantes de l’humidité, qui entretient et favorise une végétation vigoureuse.

Le même auteur ajoute, page 203 : « La culture des terres, aux environs de Bassora, est pénible et dispendieuse. Toute la superficie étant imprégnée de parties salines, il faut l’enlever et creuser jusqu’à la terre productive. On ne peut que par ce moyen avoir du blé, de l’orge et du riz ; les moissons en sont ensuite abondantes. »

Cette méthode peut être employée non seulement lorsque le terrain contient une certaine quantité de matières salines qui s’opposent à la végétation des plantes, mais encore toutes les fois que la couche superficielle du terrain est d’une stérilité absolue, et qu’elle recouvre une terre de bonne qualité.

Les cultivateurs industrieux qui sauront, selon les circonstances, faire l’application de ces méthodes, en retireront de grands avantages ; mais, des entreprises de cette nature demandent un travail assidu, ou des capitaux suffisans. (Lasteyrie.)


SANGLIER, (Sus aper Lin.) Cet animal et le cochon ne forment qu’une seule et même espèce ; le cochon est le sanglier que l’industrie de l’homme est parvenue à rendre domestique, et le sanglier est le cochon tel qu’il est sorti des mains de la nature. Il seroit donc superflu de s’étendre au sujet d’une espèce sur laquelle cet Ouvrage a déjà donné d’amples développemens, et je dois me borner à considérer le sanglier sous le rapport de la chasse, et à présenter les notions propres à diriger dans la guerre que l’on fait à un animal d’un naturel grossier et farouche, qui est souvent à craindre pour les hommes et les chiens, et qui fait de grands ravages dans les campagnes voisines des forêts épaisses où il se retire.

Pendant les six premiers mois de sa vie, le sanglier porte le nom de marcassin ; la couleur de ses soies est alors un mélange de blanc, de brun et de fauve, sur lequel des raies grises et d’un fauve rougeâtre s’étendent en long depuis la tête jusqu’à la queue ; c’est ce que l’on appelle la livrée. Après six mois, la livrée s’efface, le poil devient roux et l’animal se nomme roux ou bête rousse. Quand il passe de sa première à sa seconde année, il devient bête de compagnie, parce qu’il vit en bandes. Entre deux et trois ans, c’est un ragot ; en état de se défendre, il marche seul ; à trois ans faits, les veneurs l’appellent sanglier à son tiers an, ou simplement sanglier, dénomination qu’il conserve jusqu’à quatre ans, époque à laquelle il devient quartan, ou quartannier. Un an après, il est grand sanglier. Enfin, lorsqu’il a atteint sa sixième année, on le désigne par le nom de grand vieux sanglier, ou de solitaire. Depuis cet âge jusqu’à la fin de sa vie, dont la durée est d’ordinaire de vingt-cinq à trente ans, le sanglier aime à être seul. À mesure qu’il vieillit, ses soies grisonnent ; sa hure, et sur-tout sa ganache blanchissent ; il devient miré, ce qui veut dire que ses défenses étant recourbées, elles ne font plus d’aussi grandes blessures ; mais son cuir acquiert tant d’épaisseur, que la balle peut à peine le percer.

Les défenses proprement dites sortent de la mâchoire inférieure ; les deux