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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/578

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plantard, et à la profondeur requise par la nature du terrain.

Si ce terrain est sain, on peut y enfoncer les plantards à quinze pouces de profondeur, et à douze pouces seulement, si le terrain est humide.

On fera avec le pieu un trou un peu plus profond que ne le comporte la nature du terrain, afin de pouvoir établir dans le fond de ce trou un petit lit de terre meuble, avant d’y introduire le plantard.

Le trou étant ainsi préparé, on y introduit le plantard, en évitant, quand on l’enfonce, de retrousser l’écorce dans sa partie inférieure ; car cet accident l’empêcheroit de reprendre. Il y entrera d’ailleurs facilement, puisque le diamètre du trou est plus grand que celui du plantard.

En enfonçant le plantard, on foulera légèrement le lit de terre du trou avec le plantard même, afin que sa coupe s’applique plus immédiatement sur cette terre.

On remplira ensuite le vide du trou avec de la terre meuble, et on la foulera légèrement, afin qu’il n’y reste aucun vide ni dessous, ni sur les côtés.

Enfin, on le butera de douze à quinze pouces de hauteur, afin d’en éloigner les bestiaux, de le préserver des hâles de la première année de plantation, et de le garantir des coups de vent.

L’effet de ces butes est si certain, que sur quatre-vingts pieds d’arbres, que nous avons plantés et butés au commencement de l’année 1800, qui a été très-sèche, il n’en est mort aucun ; tandis que les autres arbres que nous avons plantés dans le même temps, ont péri, parce que nous n’avions pas pu les faire buter.

Après avoir buté les plantards, on les armera comme les autres arbres.

Il vaut mieux planter les saules en automne qu’au printemps, leur reprise est plus sûre dans la première saison. Malheureusement les autres travaux de cette saison n’en laissent pas toujours le temps. On ne doit plus planter de saules après le mois de mars, à moins que le printemps ne soit pluvieux.

La première année de leur plantation, on visitera les saules de deux mois en deux mois, pour les ébourgeonner jusqu’à un pied de leur tête, et on leur continuera ce soin les deux ou trois années suivantes.

Il faudra également retrancher par la suite toutes les pousses de la tige et du pied des saules, parce que les gourmands nuiroient au développement de leur tête.

Il faut tondre les saules au plus près, et en couper les branches à la hachette, en évitant d’en fendre la souche. L’eau s’introduiroit par les fentes, dans le cœur de la tige, et l’arbre seroit bientôt gâté.

L’hiver qui suivra la tonte des saules, il faudra éclaircir leurs pousses de l’année, afin que celles qui seront conservées profitent davantage. On choisira pour les réserves les branches les plus vigoureuses, et leur nombre sera déterminé par la force des saules. Cet éclaircissement occasionnera quelque dépense, mais on en sera ensuite bien indemnisé par les dimensions plus grandes qu’acquerront les branches conservées, et souvent même par la seule valeur des osiers que cet éclaircissement produira.

Nous avons fixé à sept à huit pieds la hauteur qu’on doit laisser aux plantards au dessus de terre. Il est cependant possible de leur procurer une tige de quinze à dix-huit pieds, par les moyens que nous avons indiqués pour former la tige des arbres plantés isolément ; mais pour cultiver ainsi des saules, il faut les planter sur un excellent terrain.

Dans cette culture, ils produiront une tonte plus considérable que dans celle que nous donnons ici, et les saules vivront plus long-temps ; mais leur jouissance se fait attendre davantage ; on ne peut tondre ces saules que tous les six ans ; et les perches qu’on en retire ne sont pas aussi grosses que celles des saules arrêtés à sept à huit pieds, et que l’on tond tous les cinq ans.

Dans l’un et l’autre cas, il faut les espacer à dix pieds, lorsqu’on les plante isolément, et à dix pieds sur un sens, et à treize pieds sur l’autre, dans les pleines saussaies. Si on les plantoit plus près les uns des autres, leurs têtes se garniroient de moins de branches, et les saules ne vivroient pas aussi long-temps. (De Perthuis.)