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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/581

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On sème aussi les graines de plantes potagères rustiques, dont les jeunes plants ne craignent pas de foibles gelées passagères qui surviennent à cette époque.

On sème aussi, sous des châssis et sur des couches chaudes, des graines de plantes des climats chauds, dont on veut obtenir des fruits précoces, ou hâter la végétation de jeunes arbres, pour leur faire passer l’hiver avec succès.

En avril. C’est dans ce mois que se fait, dans les départemens septentrionaux de la France, la plus grande partie des semis de pleine terre. On sème en pleine terre les graines de toutes les plantes annuelles de climats analogues à la température du nôtre. On sème dans des pots et sur couches les semences des plantes des pays méridionaux. Celles des végétaux des tropiques sont semées sous des châssis, et, enfin, on met en terre sous des bâches les graines de plantes de la zone torride, qui sont de nature annuelle.

En mai. On sème dans ce mois, en pleine terre, différentes espèces de légumes et de fleurs dont la végétation n’a besoin que d’environ quatre mois pour s’effectuer et donner leurs produits, soit utiles ou soit agréables : telles sont les diverses variétés de haricots, de capucines et autres plantes qui craignent les plus foibles gelées.

Dans toutes les saisons. Les plantes qui se sèment en pleine terre, presque toute l’année, excepté pendant le temps des gelées, sont quelques espèces de légumes dont on veut se procurer des produits non interrompus dans toutes les saisons, tels que les épinards, les petites raves et des salades. Dans les jardins de botanique, ce sont les semences des plantes qui vieillissent promptement, comme certaines ombellifères, des rubiacées et autres de cette nature : on les traite, pour les conserver, comme on gouverne les plantes qui les ont produites.

Exposition Des Semences. En pleine terre, à la volée. Les graines qui se sèment à la volée, sont celles des céréales, des fourrages, des plantes textiles, oléagineuses, et enfin de la plupart de celles qui se cultivent en grand dans les campagnes. Dans les jardins, on sème ainsi les carrés de gros légumes, les gazons, etc. Un semeur intelligent, portant dans un tablier serré autour de ses reins la graine qu’il veut semer, parcourt à pas mesurés le champ qu’il veut ensemencer ; chaque pas qu’il fait, il prend une poignée de graines et la répand le plus également possible dans une étendue déterminée. Lorsque les semences sont trop fines pour remplir sa main, il les mêle avec quantité de terre sèche, de sable ou de cendre déterminée, et les répand ainsi. Les Chinois se servent, pour répandre également leurs semences de céréales et particulièrement celle du riz, d’un semoir porté sur un brancard de charrue, armé de deux socs et suivis d’un rouleau qui recouvre de terre les semences. Duhamel-Dumonceau a aussi imaginé un semoir ; mais, jusqu’à présent, on fait peu d’usage de ces machines, soit parce qu’elles ne sont pas encore assez perfectionnées, ou soit parce que l’ancienne routine de semer y met de l’opposition.

Par planches. Cette manière de semer ne se distingue de la précédente, qu’en ce qu’au lieu de semer une pièce en plein, on la sème en planches plus ou moins larges, qui sont divisées par des sentiers. Le semeur emploie le même moyen.

On emploie avec succès cette sorte de semis pour les cultures rurales dans les départemens méridionaux, dans le Milanais, la Romagne, et autres parties de l’Italie. Chaque planche est bordée d’une ligne d’arbres sur lesquels s’élèvent des vignes. Cette culture convient à un climat très-chaud où la chaleur a besoin d’être tempérée par de légers ombrages ; mais elle ne réussiroit pas dans des pays septentrionaux, où la chaleur est à peine suffisants pour faire mûrir les récoltes les mieux exposées à l’action constante du soleil.

Dans les jardins légumiers, presque tous le» semis se font en planches, qui rarement passent deux mètres de large sur une longueur à volonté.

Par rayons. Le semis par rayons est très-usité dans les campagnes pour les cultures de menus grains, tels que les pois, les lentilles, les gesses et même de quelques céréales qu’on établit sur les ados des fossés de vignes et autres cultures.

On le pratique communément dans les jardins pour la culture des légumes dont on borde les carrés et les planches.

Dans les pépinières, il est fort en usage pour les semis de graines d’arbres.

Il consiste à tracer sur un terrain nouvellement labouré, un sillon plus ou moins large et plus ou moins profond, suivant la nature des graines qu’on se propose d’y semer, à y répandre les graines le plus également qu’il est possible, et à les recouvrir de terre fine, de l’épaisseur qui convient à leur nature. On affermit ensuite la terre du fond du sillon avec le dos d’un râteau, et on la recouvre de ter-