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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/582

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reau de feuilles, ou autres engrais, suivant l’exigence des cas.

Ce procédé offre un avantage, celui de tenir les semis plus frais, et ensuite de chausser les jeunes plants, à mesure qu’ils grandissent, et qu’ils en ont besoin. La terre des ados des sillons, étant en pente assez rapide, s’émiette aisément, étant exposée à l’air, et les pluies qui surviennent la détrempent et la font tomber successivement au fond du sillon.

Par potelots ou pochets. Les potelots ou pochets sont de petites fossettes circulaires de six à huit pouces de profondeur, sur environ quinze de diamètre, et formées par lignes régulières, à des distances de dix à quinze pouces, dans un terrain nouvellement labouré.

Ils sont destinés à recevoir les graines qui se sèment de cette manière : telles sont celles des diverses espèces et variétés, de haricots, soit à la campagne ou dans les potagers.

Dans les écoles de botanique, on sème de cette manière toutes les graines de plantes qui n’ont pas besoin du secours de la couche pour lever et fournir leur végétation dans notre climat.

Après avoir répandu les semences au fond du pochet le plus également qu’il est possible, on les recouvre de terre plus fine et mieux amendée que celle du sol, et on la bat légèrement avec le dos de la main pour l’affermir sur les graines. Un très-léger lit de court fumier recouvre le fond du pochet, brise les rayons du soleil, empêche la terre d’être trop battue par les pluies, et protège la germination des graines.

Ce semis partage les avantages de celui par rayons, pour le butage des plantes, à mesure qu’elles grandissent, et pour leur procurer une humidité plus constante.

Seule à seule. On sème seule à seule, par lignes, à des distances déterminées, les grosses graines, telles que celles des chênes, des châtaigniers, des noyers, des marronniers d’Inde, des amandiers, pêchers, abricotiers et autres de cette nature qui ont été stratifiées dans le sable à l’automne, et qui sont en état de germination ou sur le point d’y entrer. Lorsqu’on se propose de laisser croître à demeure les arbres qui doivent provenir de ces semis, on plante les graines germées avec leur radicule entière ; les arbres en deviennent plus grands, plus beaux, et ils sont moins exposés à être déracinés par les vents. Mais, lorsqu’on destine ces jeunes arbres à être transplantés, il est convenable de couper, avec l’ongle, l’extrémité de la radicule ; alors le pivot de la racine, au lieu de descendre perpendiculairement, se divise en plusieurs racines qui s’étendent à rez terre. La reprise des sujets dans leur transplantation est plus assurée.

Ce moyen est pratiqué pour des semis de petits bois de chêne, de hêtre, de châtaignier ; dans les campagnes, on l’emploie aussi dans les potagers, pour établir en place, entre les arbres d’un espalier qui commence à donner des signes de dépérissement, des sauvageons robustes qu’on greffe ensuite des espèces qu’on désire.

Dans des vases. En caisses. Cette espèce de semis ne s’emploie guères que pour des graines délicates, dont le jeune plant a besoin d’être surveillé et placé à différentes expositions dans diverses saisons, ou rentrés dans une serre pendant l’hiver.

Elle est pratiquée dans les pépinières d’arbres étrangers, pour les semis d’arbres résineux d’une culture exigeante, telle que celle des sapinettes de Canada, des cèdres du Liban, de diverses espèces de genévriers et d’autres arbres et arbustes du nord de l’Amérique.

On établit au fond de la caisse qu’on se propose de semer un lit de menus plâtras d’environ deux pouces d’épaisseur ; on couvre ce premier lit d’à peu près deux doigts de terre franche qu’on affermit avec le poing : on remplit le reste de la capacité de la caisse jusqu’à un pouce de son bord supérieur, de terre préparée et convenable aux semis qu’on se propose de faire.

La caisse ainsi semée est placée à l’exposition qui convient à la germination des graines, et, à l’automne, elle est couverte de litière, placée au midi ou rentrée dans l’orangerie, suivant la délicatesse et l’état du jeune plant.

En terrines. Les semis en terrines ont plus particulièrement pour objet, dans les potagers, les semis de légumes de primeurs, telles que différentes variétés de choux-fleurs, de brocolis, de fraisiers des Alpes, etc. On les sème à l’automne ou au premier printemps, et on les place, soit dans une costière bien exposée au midi, dans une serre froide ou sous des châssis. Dans les jardins fleuristes, on sème en terrines, sur couches, sous châssis ou sous cloches, des graines de giroflées, de quarantaines, d’amarantes, de balsamines, et autres fleurs d’ornement pour les parterres.

Enfin, dans les pépinières et les jardins d’éducation de plantes et d’arbres étrangers, on sème dans les terrines les graines qu’on possède en trop grande quantité pour être