Aller au contenu

Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/586

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vingt jours, ne doivent pas être semées en même temps que les premières, parce qu’il seroit à craindre dans cette saison humide, et dans laquelle le soleil n’est que peu d’instans sur notre horizon, que le jeune plant levé ne fondît et ne mourût. On retarde les semis de cette division de végétaux jusque vers la moitié de ventôse, et on la préserve de l’excès d’humidité par la chaleur du feu.

À l’air libre. L’exposition à l’air libre convient généralement à toutes les plantes rustiques qui croissent dans les climats de même nature que celui sous lequel on les sème. Elle convient encore aux semis des plantes étrangères qui ont été acclimatées par une longue culture à la température du pays dans lequel on en fait les semis. Enfin, il est des plantes annuelles de climats très-chauds, qui, étant semées en plein air aux approches de l’été, dans un climat septentrional, supportent fort bien le plein air, et fournissent leur végétation complète, comme dans leur pays natal.

Au levant. On sème à l’exposition du levant beaucoup de graines d’arbres de l’Amérique septentrionale, qui croissent sous les épaisses forêts, et que les rayons du soleil du midi pourroient incommoder et faire périr, telles que différentes espèces de gentianes, de rubus, de spirsa et autres de cette nature.

On place aussi sur des couches exposées au levant les pots, les terrines et les caisses de semis de graines qui, croissant à l’ombrage des arbres qui les ont produites dans les pays plus chauds que celui dans lequel on les fait, ont besoin d’être préservées du grand soleil. En général, les graines très-fines, comme celles des lobelia, de plusieurs espèces de campanules, de mille-pertuis, etc., qui ne sont recouvertes que de l’épaisseur d’une ligne de terre très-légère, réussissent infiniment mieux à cette exposition qu’à toute autre.

Cette exposition convient plus particulièrement aux semis de graines des plantes des climats chauds, soit qu’ils soient faits en pleine terre ou dans des pots ; mais il faut proportionner les arrosemens, les rendre plus fréquens et plus abondans à cette exposition qu’à toute autre.

Au midi. Il est cependant des cas où des semis de plantes de la zone torride, placés sous des châssis ou des bâches, ont besoin d’être défendus, dans leur jeunesse, des rayons du soleil du midi ; on se sert, pour cet effet, de toiles, de canevas ou de paillassons à claire-voie. C’est sur-tout lorsque les rayons du soleil passent entre des nuages groupés et discontinus, que cette précaution est nécessaire.

Au nord. L’exposition au nord est affectée plus particulièrement aux semis de graines de végétaux des pays plus septentrionaux que celui où on les fait, soit qu’ils soient exécutés en pleine terre ou dans des vases. On en fait usage aussi pour faire lever les graines des plantes des hautes montagnes, et enfin, pour les plantes de la zone torride qui croissent sous les épaisse forêts et dans des lieux très-ombragés ; mais ces derniers devant être à une température chaude, analogue à celle de leur pays, ce n’est que dans une serre chaude, ou sous une bache qu’on peut les cultiver à l’abri du soleil, et leur donner l’exposition du nord.

Observations générales. On demandera : à quoi bon labourer et ameublir les terres, puisqu’après les avoir labourées on les foule et on affermit la surface ? Il est aisé de répondre à cette question : les labours n’ont pas seulement pour objet de remuer la terre, mais de la retourner à une certaine profondeur ; de la mêler, d’accélérer la décomposition du carbone qu’elle contient, afin de le rendre propre à être absorbé par les racines des végétaux, entrer dans leur nutrition, et devenir partie intégrante de leurs substances. Or, le carbone, après une récolte, se trouve fort diminué dans le lit de terre qu’occupoient les racines des végétaux qui l’ont produit, tant parce qu’elles ont absorbé tout celui qui se trouvoit au point de ténuité propre à être saisi par les organes, que parce que les eaux pluviales ont entraîné à une plus grande profondeur, et mis hors la portée des racines, une autre partie de ce même carbone.

Ainsi, la succion des racines d’une part, et d’une autre les eaux, ont contribué à dépourvoir la couche de terre dans laquelle ont vécu les racines, l’année précédente, des sucs nourriciers dont ont besoin les futures récoltes.

Comme la couche de terre extérieure qui a fourni une récolte contient beaucoup de substances propres à fournir du carbone, puisqu’il s’y trouve les détrimens de tous les insectes éphémères qui ont vécu sur le champ, les feuilles desséchées des plantes qu’il a produites, les parties mâles de leurs fleurs qui, après avoir fécondé leurs germes, sont tombées, et enfin une portion des tiges et les racines de ces mêmes plantes ; toutes ces substances qui contiennent le carbone dans un état de division très-considérable, joint à celui qui a été entraîné par les eaux dans la