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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/585

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la chaleur des couches chaudes, pour faire lever les graines des végétaux qui croissent naturellement sur la côte de Barbarie, dans les îles de l’Archipel, au Levant, en Égypte, au cap de Bonne-Espérance, à la Louisiane, dans la partie méridionale de la Chine et les pays qui se trouvent en deçà des tropiques.

Sous châssis. Les châssis propres à la culture des semis de plantes étrangères sont posés sur des couches semblables à celles que nous venons de décrire ci-dessus ; il existe seulement quelques différences dans leurs dimensions. Les caisses des châssis n’ont ordinairement que quatre pieds de large sur dix-huit de long.

On donne aux couches qui doivent les supporter six pouces de plus sur leur largeur et sur leur longueur. On borde celle-ci en gros bourrelets de paille, et on la termine par un autre bourrelet isolé d’environ quatre pouces de haut, que l’on place à l’endroit ou doit être posée la caisse du châssis. Le derrière de la caisse étant plus haut, par conséquent plus lourd, et devant faire tasser la couche davantage, le bourrelet qu’on place dessous doit être plus élevé de deux pouces que celui qui porte le devant. D’ailleurs, le reste de la couche est construit avec la même nature de fumier, pratiquée, piétinée, arrosée et terreautée de la même manière.

Lorsque la couche est faite et réglée, on place dessus la caisse de châssis, et l’on plante, sur le terreau qui la recouvre, les pots de semis qu’elle doit recevoir. Les panneaux de vitres ne se placent sur la caisse que cinq ou six jours après que la couche a été plantée, pour laisser passer le premier coup de feu de la couche qui, agissant dans une atmosphère circonscrite et abritée du contact de l’air ambiant, pourroit échauder les graines et détruire leur germe.

Après quinze jours de construction, lorsque la chaleur de la couche commence à foiblir, on la ravive au moyen des réchauds qu’on pratique tout autour. Ces réchauds se font avec du fumier moelleux mêlé avec de la litière, et disposés en forme de contre-mur le long des parois extérieures de l’ancienne couche, et dans toute sa circonférence. On en enlève les bords supérieurs au niveau du châssis, et, après l’avoir bien affermi et arrosé, on le couvre de quelques pouces de terreau pour concentrer davantage la chaleur. La chaleur humide du réchaud pénètre promptement l’épaisseur de l’ancienne couche, y rétablit la fermentation, et en développe une nouvelle chaleur. Vient-elle à s’abaisser au dessous du degré convenable ? on renouvelle les réchauds autant de fois qu’il en est besoin, pendant le courant de l’été et de l’automne, que les semis doivent rester sous le châssis.

On sème dans des pots sur une couche chaude, et sous châssis, les graines des plantes annuelles dont on veut accélérer la végétation, à l’effet de jouir plus tôt de leurs produits, soit utiles ou agréables.

Dans quelques parties de la Hollande, on sème sous châssis, dès le mois d’avril, les graines de tabac dont le jeune plant est destiné à être repiqué en plein champ dès que la belle saison arrive.

Dans les jardins potagers, on fait lever sous châssis les graines de laitues, de petites raves, de pois, de haricots, dont on veut des fruits précoces.

Les fleuristes de Paris et de ses environs élèvent sous châssis les plantes de fleurs annuelles destinées à l’ornement des parterres, telles que les passevelours, les tricolore, diverses espèces de giroflées, quarantaines, les basilics, les héliotropes, etc., etc.

Chez les amateurs de plantes étrangères, et dans les jardins de botanique, les châssis sont affectés à l’éducation des graines de plantes qui croissent sous les tropiques et dans leur voisinage.

Sous bâches. Les semis qui se font sous des bâches se placent sur des couches chaudes construites, soit en fumier de cheval, soit en tan qui sort de la fosse des corroyeurs, ou soit en sciure de bois, suivant qu’on est plus à portée de se procurer ces différentes matières ; mais la tannée est préférable au fumier, parce qu’elle fournit une chaleur plus douce, plus égale, de plus longue durée et moins humide que celle du fumier. Lorsque la tannée est trop sèche, on peut, sans inconvénient, construire la couche, partie en fumier et partie en sciure de bois ou en tan. Dans ce cas, le lit de fumier doit occuper le fond de la fosse, et en remplir environ deux tiers de la profondeur ; le reste du vide, et même six pouces au dessus, peut être comblé par les substances indiquées.

C’est sur des couches ainsi formées que se planteront, dès le commencement du mois de pluviôse, les pots de semis des semences de végétaux de la zone torride, qui sont dures, coriaces, et qui ont besoin de rester plusieurs mois en terre pour entier en germination. Les graines de plantes annuelles du même climat, qui lèvent dans l’espace de quinze à