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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/73

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se forme par la destruction des alvéoles, il prend encore de la largeur par l’écartement de la lame maxillaire qui en forme la paroi extérieure.

» Le sinus qui répond aux trois molaires supérieures acquiert aussi de l’étendue par le même moyen ; mais on apperçoit que cette étendue doit augmenter par la disparition des alvéoles qui les remplissoient. Ainsi il résulte de ces changemens non interrompus, que, dans la vieillesse, lorsqu’il n’existe plus que les racines des molaires, les sinus ont gagné en grandeur tout ce que ces dents et leurs alvéoles ont perdu ; enfin, ces racines détruites, une surface plane prend la place de la saillie qu’elles faisoient dans les sinus, et on ne soupçonneroit pas qu’il y ait eu des dents.

» L’espace occupé par les dents et les alvéoles de la mâchoire inférieure, est remplacé par un tissu osseux réticulaire, très-fort et très écarté.

» Il est bon d’observer que les sinus n’augmentent pas toujours en largeur, à mesure qu’ils croissent en hauteur : à sept ou huit ans, époque de la parfaite formation, ils ne s’étendent plus en hauteur ; on voit alors au contraire que les parties s’allongent, s’affoiblissent, que les formes se redressent ; ces derniers changemens sont lents, mais ils sont frappans dès qu’on observe des têtes de différens âges.

» Ce qui se passe dans les mâchoires du cheval, par l’effet de la dentition, s’observe aussi dans l’âne et dans le mulet. On voit même plus souvent dans le dernier de ces animaux, des molaires entièrement détruites, et la table de l’os et la gencive les remplacer.

» Dans le bœuf, le mouton, le cochon, le chien, le chat, les dents antérieures sont les seules qui se remplacent. Ces dents sont petites ; elles ne produisent que peu de changement dans les os qui les logent ; les molaires d’ailleurs sont peu volumineuses ; elles sortent de bonne heure, et dans le temps où toutes les parties sont flexibles, douées de ressort, où les fonctions dès-lors se font avec plus d’harmonie et d’ensemble.

» Dans les premiers de ces animaux, les changemens dans les os se font à l’extrémité supérieure et postérieure de la tête. Là, les cornes naissent et croissent sans cesse, et les sinus qui se forment en cet endroit se dilatent, s’allongent jusque dans l’occipital ; ils écartent du crâne ces défenses : aussi le développement osseux de l’extrémité antérieure de la tête est-il très-foible dans ces animaux : les premières dents molaires sont très-petites, et il ne se creuse pas de sinus au dessus.

» Dans le chien, le chat, le cochon, le développement qui coûte le plus, celui des crochets, se fait dans des parties osseuses, peu étendues, et dans lesquelles les changemens nécessaires pour l’opérer et le favoriser influent peu sur tous les os de la tête. »

Cette observation nous prouve que les os de la tête, et sur-tout ceux de la mâchoire supérieure, éprouvent des changemens très-propres à entretenir dans les vaisseaux de la membrane pituitaire en général, et dans ceux du globe en particulier, un genre de fièvre locale, une irritation qui peut être la source de la plus grande partie des maux qui affectent ou le nez ou les yeux du cheval.

En effet, la formation de certains sinus qui ne se trouvent que dans l’animal adulte, l’éruption de trente-six à quarante dents, la chute de ces dents, et leur remplacement, ne peuvent s’exécuter uniformément et sans accidens, qu’autant que les causes prédisposantes dont nous avons parlé, ne pourroient ni accélérer, ni retarder ce travail qui, dans une nature parfaite et non contrainte, s’opère le plus souvent successivement, sans secousses et sans efforts dangereux. L’uniformité de ces mouvemens dépend d’une santé robuste, et celle-ci d’un régime absolument analogue à la nature du cheval. Aussi voyons-nous que les chevaux les plus forts dans leur construction sont non seulement les plus beaux, mais encore les plus vigoureux et les plus dociles. Mais cet état de perfection ne se rencontre que dans les chevaux nés dans un climat favorable à leur développement, et où l’art et la nature concourent ensemble pour la perfection de cet animal précieux. Tels sont les effets de ces dispositions ; elles exemptent, en grande partie, ces animaux des maladies qui les affectent en France. La fluxion périodique, ainsi que la plupart des flux qui affectent la membrane du nez, dépendent de la manière dont nous élevons et soignons les chevaux ; tandis que ces maux sont, pour ainsi dire, inconnus ans l’Arabie et en Espagne.

Considérations générales sur ces causes. Toutes les causes les plus fréquentes de la fluxion périodique n’ont pas besoin d’agir ensemble et à la fois ; il suffit le plus souvent que l’une d’elles subsiste pour la faire naître, leurs effets étant absolument subordonnés à la dis-